Le Narrateur Vicieux et tout Puissant~
| Sujet: Résultat Event 7 (écriture) Jeu 7 Nov 2013 - 17:53 | | Bonjour à tous! Ça y est, votre admin a enfin le temps d'annoncer les résultats tant attendus... Désolée du retard, je sais à quel point vous étiez impatient ! Tout d'abord, j'aimerai féliciter tous nos participants. Ouais, je sais : Mainstream comme discours. MAIS ce n'est pas juste une formule de politesse! Vos participations étaient vraiment toutes excellentes et les votants n'ont pas hésité à dire dans leurs votes que le niveau était bien là et que le choix était rude! J'espère que notre prochain Event sera aussi riche en émotion Enfin, trêve de bavardages. L'heureux élu du septième événement écriture est... Amétysse ! Bravo à toi !! Voici pour vos mirettes le texte qui a remporté le plus de votes : - Spoiler:
Froid… tellement froid... Je souffle entre mes paumes jointes afin de les réchauffer, plusieurs fois, de longues secondes, puis enserre mes pieds nus de mes doigts temporairement tièdes. Je maudis pour la énième fois mon geôlier de m’avoir privé de mes chaussures, en plus de ma liberté; que craignait-il, que je m’étrangle avec mes lacets, que j’écrive un message de détresse avec le cirage? Tsss.
CLAC. Ce bruit… je le hais. Le claquement sec du judas sur l’épaisse porte fermée à double tour. Cette petite fenêtre obscure, moyenâgeuse, seule ouverture vers l’extérieur, et derrière, deux yeux qui m’observent sans que je puisse les voir. Ce foutu judas reste ouvert plusieurs heures durant. Je n’arrive plus à savoir si mon geôlier reste à m’examiner tout ce temps, ou s’il part juste après avoir tiré le rectangle métallique, histoire de me mettre la pression. J’ai l’impression de toujours sentir son regard posé sur moi, de toujours entendre sa respiration régulière. Qu’il y a-il de si intéressant à regarder, de toute manière? Une simple cave au sol de béton et aux murs de pierres rugueuses, dont le plafond forme une voûte. Vide, entièrement vide, éclairée d’une ampoule nue et faiblarde. Oh, aurais-je dis vide? Non, j’oublie le pauvre hère recroquevillé dans un angle, un pauvre type hâve, gelé, affamé. Un homme perpétuellement épuisé, mais dont l’inactivité forcée le parcoure d’un éternel mal-être sous la peau, entrainant l’étrange envie de s’étirer en permanence, les rêves improbables de courir dans un champ en hurlant jusqu’à en perdre haleine, de nager jusqu’aux profondeurs abyssales. Un homme dont l’esprit déraille, s’envole, s’échappe, mais se cogne contre les murs de pierre. Il faut que j’arrête de penser à la troisième personne. Il est tellement plus facile de faire l’état des lieux de la ruine que je suis devenu en imaginant me voir depuis ce judas.
CLAC. Le judas s’est déjà refermé… tant de temps se serait écoulé? Ou alors mon geôlier s’est lassé plus vite que d’habitude? Je ne sais pas. Je n’arrive plus à saisir le passage de maitre Chronos. J’ai froid... Souffler dans mes mains, les serrer autour de mes pieds. Recommencer. Dois-je me servir de ces gestes plus ou moins réguliers comme indicateur de temps? Je ne suis pas certain que ce soit utile, j’ignore depuis combien de jours je suis enfermé ici, ce système n’est pas assez précis, je ne suis pas certain d’avoir le courage de compter. Bon Dieu, tout me semble tellement insurmontable… je ne suis plus qu’une loque. Je ne valais déjà pas grand-chose lorsque j’étais libre, j’ignorais alors que mon cas pouvait empirer. Au début de ma séquestration, je m’étais dit fièrement qu’il ne pouvait pas entièrement m’aliéner. Je pouvais toujours penser, rêver, cogiter, de préférence à un plan d’évasion. Puis la faim et la lassitude avaient pris le dessus. J’étais faible, fatigué. Je me sentais parfaitement incapable de faire quoi que ce soit d’autre que de souffler dans mes mains, ou me jeter sur l’eau et la nourriture lorsqu’il y en avait. Et puis… Je suis arrivé à mon état actuel. Même plus fichu de faire le tour de ma prison, ni même de songer qu’il me soit capable de m’enfuir un jour. J’oscille en permanence entre la sourde impression que j’allais crever entre ces murs, et cet espoir lâche, si lâche, que mon geôlier ait pitié de moi et me laisse partir…
CLAC. Déjà…? J’avais soufflé dans mes mains quatre-vingt-six fois depuis que le judas s’était refermé. Peut-être devrais-je les réchauffer en les approchant de l’ampoule... si elle n’était pas si haute. Enfin, elle n’est pas vraiment haute, mais le simple projet de me mettre debout pour l’atteindre m’épuise. La seule utilité de cette lueur blafarde –autre que de permettre au geôlier de m’étudier à son aise- est sans doute de me mettre en permanence sous le nez l’étroitesse de ma cellule. Sadique. Enfoiré. Et voilà que les insultes fusent de ma gorge sèche, des éclats de voix rauque qui rebondissent sur le sol de béton glacé. Combien de fois l’ais-je agoni d’injures? Je ne peux plus m’arrêter de hurler. Je hais ce type derrière la porte, je hais cette porte, et surtout, SURTOUT, je hais ce judas et son claquement lugubre. Je veux que tout cela disparaisse, quitte à faire brûler la cave entière et moi avec. Ridicule. Je suis…
CLAC. … bien trop lâche pour mettre fin à mes jours. Et maintenant que le judas s’est refermé je cesse enfin de crier des injures, ma gorge me fait mal, je suis aussi essoufflé que si j’avais couru un marathon. Je me roule en position fœtale. Le béton me fait mal à la hanche, à l’épaule, et me glace la joue. Me glace tout le corps. A cause de cette accumulation de désagréments, je m’allongeais rarement. Mais rester assis, le dos contre la pierre rugueuse, est tout aussi inconfortable. Je n’ai ni la force ni le courage de changer de position. Pourtant, malgré la fatigue aussi écrasante qu’injustifiée, ce malaise étrange reste dans mes muscles, me causant des démangeaisons que rien ne pourrait atténuer. La cave me parait soudain plus petite encore, les murs se rapprochent de moi, l’oxygène commence à me manquer. Je suffoque. L’air que je respire me semble vicié, inapproprié à la survie de mon misérable corps,…
CLAC. … inapte à alimenter mon cerveau déjà mort. Je pleure comme un gosse. Les sanglots qui m’étouffent accentuent ma claustrophobie. Je ne veux pas crever ici, pas comme cela, pas dans cette cave, pas avec ce regard fixé sur moi. Je ne veux pas mourir. JE NE VEUX PAS MOURIR. JE VEUX SORTIR. Méprisable, pitoyable, je supplie, je promets d’offrir tout ce que je possède et tout ce que je n’ai pas, je jure de devenir un esclave fidèle, un chien, un zombie, peu importe quoi, à condition que l’on me laisse franchir cette porte, qu’on me laisse respirer l’air du monde extérieur, qu’on me laisse la vie sauve. Qu’on me permette de vivre. Et pourquoi pas, de vivre heureux, loin de cet enfer. J’entends ma voix éraillée implorer la clémence du geôlier. Méprisable. Pitoyable. Combien de fois me suis-je abaissé à le supplier? Pourtant, pour rien au monde je n’aurais cessé…
CLAC. … parce que c’est le seul espoir qu’il me reste. C’est pourquoi je continue de gémir des «par pitié», des «je vous en prie», des promesses sans queues ni têtes, alors que le judas s’est déjà refermé. Il me faut du temps pour retrouver mon calme, ce temps que je ne peux mesurer. Les larmes se tarissent, les cris se meurent. J’ai dû retrouver dans un coin de ma tête quelques fragments de ma fierté fracassée. Je me relève. Tout le côté gauche de mon corps, celui qui était en contact avec le sol, est engourdi par le froid. Je me frictionne la joue, le bras, les côtes, la jambe. Je souffle dans mes mains, je recouvre mes pieds de mes doigts à peine réchauffés.
CLAC. Je n’ai soufflé que vingt-sept fois sur mes mains. Le rythme des visites s’accélère-t-il, ou le temps de me remettre de ma crise de claustrophobie et de couardise fut plus long que je ne le pensais? Je sens son regard sur moi alors que le judas ne me renvoi qu’un rectangle noir, je sens sa présence qui se fait aussi étouffante, aussi aliénante que les murs de pierre. J’imagine parfois que les yeux sans cesse dissimulés sont en vérité deux cavité creuses et obscures; sinon, j’ai l’impression de discerner des reflets dans l’ouverture, comme ceux que lancent les yeux des animaux; ou, pire encore, de voir deux iris rougeoyer dans l’ombre. Je baisse les paupières. Je ne veux plus que ces images affreuses viennent m’assaillir. Alors que j’essayais désespérément d’apercevoir mon geôlier, croiser son regard me parait désormais plus terrifiant encore que de voir une lame fondre sur moi. Pour la première fois, je veux entendre ce claquement tant détesté, le bruit du judas qui se referme comme une paupière de métal, me protégeant du regard de cet être derrière la porte.
… Le CLAC ne vient pas. Le silence n’est troublé que par mon souffle heurté. Jusqu’à ce qu’une voix s’élève. Alors qu’elle aurait dû être étouffée par l’épaisse porte, la présence de l’ouverture rectangulaire la rend parfaitement audible. «Pourquoi fermes-tu les yeux, Judas?» De surprise, mes paupières s’ouvrent en un déclic. Le ton de mon geôlier est anormalement calme, presque doux. C’est assez inquiétant. «Pourquoi… m’appelez-vous ainsi?» Il rit. Un éclat d’amusement aussi doux à entendre que sa voix, qui donne à cette scène un côté banal franchement décalé. «Allons, ton superbe coup de maitre, une petite semaine avant que tu sois enfermé ici, ton ignoble trahison, n’était-ce pas digne de Judas?» Je ne sais que répondre. Je ne suis pas fier de moi. Non, je suis même méprisable. J’avais, pour sauver ma place, écrasé mes camarades qui me faisaient confiance de manière absolument déloyale. Je les avais détruits, enfoncés, j’avais mentis à leur sujet, ou dis des vérités faites pour rester cachées. Tout cela par pur égoïsme. Je suis un traitre, je le sais parfaitement. Mais un traitre, bien qu’abject, mérite-t-il un tel sort? «Pourquoi vous me séquestrez? Qu’est-ce que vous me voulez?» J’entends un pas. Il s’approche. Enfin, j’aperçois ses yeux dans l’encadrement de l’ouverture obscure. «Pourquoi…? Mais parce que je peux voir le monde à travers Judas. Toi le traitre, toi qui dénonce, tu es la fenêtre sur la vérité humaine. Lorsque je te regarde, j’ai l’impression de toucher du doigt la connaissance; dans la souffrance, seul, isolé, tu n’es qu’un être lamentable, qui se tord comme un vers pour un peu de nourriture, qui supplie son tortionnaire pour avoir la vie sauve, qui jette sa fierté aux orties pour la simple hypothèse de pouvoir passer l’encadrement de la porte pour quelques minutes ou avoir droit à une goutte d’eau. Et n’importe qui d’autre, je dis bien n’importe qui, réagira de la même manière à ta place. Tu n’es qu’un modèle, un exemple. Mon Judas, mon délateur sur l’horreur humaine…» Un frisson me parcours. Cette fois, ce n’est pas dû au froid. Si je suis bel et bien un être abject, ce type est fou à lier. «Qui êtes-vous…?» «Eh bien… Quelle version préfères-tu? Je suis Dieu, je suis Satan; un être omniscient, extérieur au monde humain, qui observe, se désespère ou s’amuse de vos misères. Je suis Ponce Pilate, celui qui abandonna le messie au supplice de la croix, se lavant les mains pour se prétendre innocent du sang versé, et qui aujourd’hui décide de juger les criminels. Je suis celui qui tient ta vie entre ses mains. C’est tout ce que tu as à savoir.» La panique m’envahit. Je tends vers lui des doigts engourdis au bout d’un bras faible, inutile. «Attendez! Laissez-moi partir, je vous en supplie…!» Il ne me répond pas. Je vois au plissement de ses yeux qu’il sourit. CLAC.
Forcément, en combinant à la fois le sens religieux du terme et le judas de la porte, elle avait mit toutes les chances de son côté, ahah! Tu remportes donc :
- Une carte magique : Celle-ci te servira pour te situer dans Queer Tales, mais aussi à localiser tes amis et ennemis. Tu pourras également demander à la carte de t'indiquer le chemin d'un lieu, à condition que tu connaisses sa localisation.
- Une pièce pour le puits à souhait, en métal précieux. Cette pièce vaut deux Vincents et elle est un présent que tu peux offrir à un membre de ton choix (et un seul) !
- Six Vincents !
- Ton portrait et la publication de ton oeuvre dans notre chère Gazette qui paraitra au mois de décembre! Si tu veux qu'y soit joint un "petit mot", je te prie de bien l'envoyer au Narrateur via MP
Voilà, tu es bien gâtée on dirait... Quant à tous les autres participants, vous n'êtes pas en reste! Vous obtenez TOUS deux vincents ! Merci à tous pour l'intérêt que vous avez porté à notre Event, participants comme votants.
N'hésitez pas à féliciter les participants sur ce sujet !
A bientôt ! |
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Amétysse
| Sujet: Re: Résultat Event 7 (écriture) Jeu 7 Nov 2013 - 22:11 | | ... oO
*Vérifie plusieurs fois le nom du gagnant et prend deux minutes pour se remettre de sa surprise*
Bon, deux mots pour tout résumer: merci beaucoup! Merci aux admins d'avoir fais un event aussi sympa, merci aux autres participants qui ont écrit des textes justes géniaux, merci à ceux qui ont voté, et merci pour tous ces beaux cadeaux! *mode Dragibus*
Et oui Aurore, je saurais comment te retrouver lorsque tu me manqueras trop~ |
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