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 [Intrigue 1] Tu m'as laissé partir

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Ishishi / Noshishi
Ishishi / NoshishiNot the three little pigs.


Date d'inscription : 06/06/2011
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Localisation : Un à droite et l'autre à gauche, généralement... Et de temps en temps on échange les places.

Still There
Lecteur ou Conte (lequel) ?: Conte (le sanglier d'Érymanthe)
Arme(s): Leurs dents... Et leur derrière. Croyez-moi, ça suffira.
Un petit mot ?: ...Gnda.

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MessageSujet: [Intrigue 1] Tu m'as laissé partir   [Intrigue 1] Tu m'as laissé partir Icon_minitimeLun 22 Juil 2013 - 3:04
Ishishi donna un coup de patte dans le caillou qui se trouvait devant lui et l'envoya jusqu'au ciel. Le ciel était d'un bleu-gris qui faisait penser aux couleurs de la grotte où ils avaient grandi quand ils étaient petits. Le sol, en revanche, était d'un brun sombre, laid, désolé. Et couvert de cailloux qui faisaient office de décor. Derrière Ishishi il y avait un arbre mort, et Noshishi se reposait en dessous, en passant de temps en temps un coup de langue sur le tronc, comme si ce tronc pouvait avoir un goût. Il faut dire qu'ils avaient faim. Comme d'habitude. Le genre de faim qui ne fait pas mal, parce qu'on est dans un rêve et qu'évidemment dans un rêve on ne peut pas vraiment sentir la faim. Mais on sait qu'elle est là quand même.

L'aîné eut un regard vers son frère inactif, donna un coup de patte dans un autre caillou, qui n'avança cette fois que de quelques centimètres. Puis, voyant qu'il n'obtenait toujours aucune réaction, il se mit à faire les cent pas, l'air agacé.

C'est dangereux. On est complètement à découvert ici. Quelqu'un pourrait nous retrgnouver et nous tuer en un rien de temps.


Noshishi se contenta de grogner. Qu'est-ce qu'ils pouvaient y faire?

Comment souvent quand on rêve, ils ne se rendaient même pas compte qu'ils étaient en train de rêver. Comme souvent, tout ce qui se passait leur paraissait tellement logique. Y compris le fait que la loi de la gravité semblait différente pour chaque caillou sur lequel Ishishi se passait les nerfs.

Ça fait combien de temps qu'on est ici?

J'en sais rien. Qu'est-ce que tu crois.


Déjà fatigué de faire les cents pas, l'aîné poussa un soupir et vint s'allonger à côté de son frère. Il se roula en boule comme la bête qu'il était. Ça le faisait paraître plus petit que son petit frère. C'était plutôt frustrant, mais il ne pouvait rien y faire.

Noshishi, de son côté, s'était mis à mâchouiller un caillou comme si c'était de la nourriture.

Un temps. Puis :

Tu veux pas qu'on s'en aille?

On ne peut pas.

Pourquoi?

On attend Maman.

Ah...


Un temps.

Tu es sûr qu'elle n'est pas morte? ...Maman.

Évidemmgnent que j'en suis sûr! Tu en es sûr aussi... Non?

Hmm.




Ishishi ne sut que dire pendant quelques secondes, puis son visage se tordit en une grimace de frustration. Ni l'un ni l'autre ne s'accordaient le moindre regard.

Réagis mieux que ça, dis... À t'entendre on croirait que t'y crois pas, et j'aime pas ça, pas ça du tout.

Hmm.

...Noshishi, tu m'écoutes?

Hmm.




Ishishi?

Hmm?

Tu veux pas jouer à un jeu? Ça passerait le temps.

Hmm.

Mais pas un jeu qui nous obligerait à nous lgnever, tu vois. Je veux un jeu calme.

Hmm...



Dis donc, tu serais pas en train de répéter "Hmm" rien que pour m'égnerver, par hasard?

Hmm.



Arrête ça, cochon, c'est TRÈS égnervant.

Hmm.




J'ai dit ARRÊTE! Débile!



Demeuré!



Dans son énervement, Ishishi renifla un bon coup et balança un gros molard sur l'épaule de son frère.



Dans son énervement, Noshishi se redressa et donna un bon coup de patte dans le dos de son frère.



Sur le coup, Noshishi toussa, puis ne bougea plus.



Aucune réaction supplémentaire.



Juste la toux.



Et puis plus rien.



No... Noshishi?



Ishishi...?



C'était trop tard. Ça s'était passé en une seconde et pourtant il était déjà trop tard. Noshishi ne bougeait plus. Ishishi essaya de le secouer légèrement avec sa patte. Pas de réaction. Pire que ça, il était tout froid. Le coeur d'Ishishi se serra d'un seul coup. Il s'était certainement passé quelque chose de terrible...

Noshishi, arrête, me fais pas ça, c'est pas drôle... Réponds!



Noshishi avait allongé son frère sur le dos et colla son oreille contre son coeur. Un peu à droite. Un peu à gauche. Où était le bruit? Il devait bien y avoir un bruit, pas vrai?

Hein...? Eh, non!

Peur-panique. Noshishi se redressa d'un coup, regarda autour de lui, puis se mit désespérément à essayer d'administrer un grossier massage cardiaque à son frère.

Comment ça se fait? C'est pas possible! Tu me parlais, y a encore quelques secgnondes!

Évidemment, pas de réaction. Il fallait bien se rendre à l'évidence. Son frère était mort. Il ne respirait plus en tout cas, quel autre nom cela pouvait-il avoir, sinon la mort?

Mais non mais attends... Je comprends pas...



Tu peux pas me faire ça!



Pendant un temps indéfini qui sembla durer une éternité, Noshishi avait essayé de ranimer son frère, sans succès. Alors, pendant un autre temps indéfini qui lui sembla encore plus long, il s'était mis à pleurer sur le cadavre, jusqu'à ne plus avoir de larmes, jusqu'à ce que ses yeux soient tout secs, son nez dégoûtant et sa tête douloureuse d'avoir pleuré autant. Cela avait duré si longtemps que ça lui avait semblé être des jours. Et pourtant, si ça se trouvait, ce n'était que des heures, des minutes... Des nanosecondes à peine? Il n'en avait aucune idée. C'était juste terriblement long. Et froid. Et silencieux. Et pourtant, il avait beau attendre, rien n'y changeait.



Noshishi était mort. Comme ça. Plus il y pensait plus ça le rendait malade. Dans tous les sens du terme. Après avoir pleuré, il avait vomi, plusieurs fois.



Il avait essayé, de temps à autres, de mordre son frère, de le frapper, de lui sauter dessus. De lui parler. De le lécher comme le faisait leur mère. Aucune réaction, bien sûr.



Alors après ces multiples instants d'éternité qui ne menaient à rien, il s'était mis à songer à se laisser dépérir. Juste arrêter de faire quoi que ce soit et se laisser mourir là, à côté de son frère. Ça ne semblait pas être une si mauvaise idée après tout... Puisque Noshishi était mort, à quoi bon continuer à vivre?



Hm... Après tout, sans toi, ça n'a pas beaucoup de sens de continuer à chercher Maman.



Maman...




...




...Elle est probablement morte elle aussi, après tout.




S'était ensuivi le plus long des instants parmi tous ces instants d'éternité. L'éternité la plus longue du monde. Celle qu'il avait pensé être la dernière. La dernière éternité avant la mort...



Le problème, c'était qu'elle était extrêmement longue, cette éternité. Terriblement longue. Trop longue. Il devait bien y avoir un moyen de régler les choses plus vite, non? Se pendre, par exemple... Mais avec quoi? Ils n'avaient même pas de corde... Se mordre la langue, peut-être. Mais c'était plus dur à penser qu'à faire. Ça demandait à la fois de la volonté et de la force dans les canines. Chose qui ne manquait pas d'habitude, mais là, après toutes ces larmes, ce découragement, cette fatigue...

...

Dans un terrible effort, Ishishi se redressa en position assise. Il venait de repenser à la défense de leur mère qui se trouvait rangée dans les vêtements de Noshishi. Peut-être qu'il pouvait essayer de se trancher la gorge avec ça. Elle devait être assez efficace, cette défense.

Rien d'étonnant. Elle appartenait à leur mère et leur mère était la créature la plus forte du monde.



Ouais... Pas le genre à se laisser tuer par de vulgaires humains.



...



Dis, Ishishi... Je dois avoir tort, hein? De songer à mourir sans avoir retrouvé Maman.



Dis, Noshishi... Je divaguais, à l'instant, pas vrai? Il n'y a aucune chance pour que Maman soit morte. C'est la plus forte. Elle est forcémgnent quelque part.



Je sais que ce n'est pas la mgnême chose si tu n'es plus là, mais...



Toi aussi, si tu pouvais parlgner, tu trouverais que c'est du gâchis de ne pas continuer à chercher juste sous prétexte que tu es mort.



Alors Noshishi se leva et se força à sourire. C'était dur et ça faisait mal. Mais c'était forcément ce qu'Ishishi aurait voulu. Ça ne pouvait être que ça. Comment avait-il pu être aussi bête tout ce temps?



Alors Ishishi se leva et ravala ses larmes. Stupides larmes. Si Noshishi était encore vivant en ce moment il se serait bien foutu de sa gueule. Il n'était pas né de la dernière pluie, tout de même. La raison pour laquelle il s'était laissé abattre était trop bénigne.

Après tout...



On le savait, non?



On savait pertignemment que...




...Dans ce monde plein de dangers...



...Il n'était jamais exclu que l'un d'entre nous puisse disparaître...



...Du jour au lendemain.

Et jamais cela n'aurait dû être une raison pour ne pas aller de l'avant. Celui qui pense le contraire est un imbécile!

~~~

Noshishi ouvrit péniblement les yeux. Il avait mal au crâne et la bouche très sèche. Se réveiller était décidément l'une des choses les plus désagréables au monde. Du moins les trois quarts du temps. Et apparemment, ce réveil-là faisait finalement partie du quart restant...

Parce qu'en ouvrant les yeux, Noshishi avait vu Ishishi. Ishishi qui le regardait avec des yeux plein de larmes. Des yeux ouverts. Bien vivants. Et ce fut une patte bien vivante qui vint lui coller une taloche en plein visage.

Aïeu! Moi qui était justemgnent en train de penser que ce réveil était pas désagréable...

La ferme, cochon! J'ai fait un rêve horrible où t'étais mort! Je te déteste pour m'avoir fait des peurs pareilles!

Eh, me blâme pas pour ça! Moi aussi, j'ai fait un rêve où t'étais mort, d'abord!


Ils levaient déjà la patte, se préparant à asséner un nouveau coup... Et finalement tombèrent dans les bras l'un de l'autre, tremblants comme deux feuilles isolées près de la falaise, morts de soulagement et d'émotion.

J'ai eu trop peur. Beaucoup trop peur. Je veux plus jamais cognnaître ça.

Ça n'arrivera plus... Ça n'arrivera plus.


Noshishi poussa un long soupir, tout en tapotant amicalement le dos de son frère qui reniflait contre son épaule. Puis, sans relâcher son étreinte, après un court instant, il finit par sourire à nouveau, et ajouta :

Dis... Puisqu'on est près du ravin, ça te dit de faire un concours de crachats dedans?

...Nda.
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