Le Narrateur Vicieux et tout Puissant~
| Sujet: Event 5 : Ecriture & Dessin Sam 7 Mai 2011 - 18:52 | | Ecriture : Le rêve Aurore : - Spoiler:
Le néant est maître dans la pièce et ce n’est pas ma bougie qui parviendra à le chasser. Dans l’obscurité, l’horreur ne fait que grandir, et mon cauchemar continue, se matérialise par cette feuille toujours vierge. Le crépuscule d’un sourire apparait dans cette nuit sans fin. Il est là, encadré par des lèvres rouges passion auxquels je suis suspendu. S’il vous plait, guidez moi avec votre voix ! Mais je n’ai même pas l’écho d’une réponse. La malice nait de l’ombre est se joue de moi, je la vois au coin de la pièce, cette rose flamboyante dont la beauté semble insulter les ténèbres monstrueuses. Elle nait puis ce fane, trop éphémère. Moi je désire la main de celle qui l’a faite pousser. Sa silhouette se dessine dans les flammes de la cheminée, disparait pour danser au rythme du tic tac de la pendule. Je la vois qui s’amuse à tourner les aiguilles, c’est jouer avec mes nerfs que de me montrer que le temps passe vite. Mais ce n’est rien je te désire tellement, que tes caprices ne sont plus que des cris lointains inaudibles pour moi. Mes oreilles ne captent que les battements de mon cœur qui s’accélèrent quand j’entrevois une partie de ton corps. J’oscille entre le rêve et la réalité, mes yeux se ferment et pourtant je te vois qui me tend la main. J’aimerais la saisir, mais le sommeil est chassé par le vent qui tape à mes carreaux. Serait-ce toi qui frappe à ma fenêtre ? Au moment où je vais t‘attraper, tu t’évapores pour me ramener à une réalité bien cruelle. Je cherche à m’évader par la porte des rêves et cela même tu me l’interdis. Désires-tu à ce point continuer de jouer au chat et à la souries dans le noir ? Ou alors tu préfères étendre le terrain de jeux jusque dans le monde des songes. Si je ne peux te saisir dans cette chambre obscure, comment le pourrais-je dans le vaste monde des rêves ? Tes jeux me mènent à une sombre ironie. Me voilà obligé de désirer une femme pour gagner le cœur d’une autre. Est-ce là l’épreuve que tu tends à tous les hommes qui veulent te posséder ? Et une fois encore mes yeux me peignent une fausse réalité maintenant qu’ils sont à nouveau fermés. La feuille blanche s’étend dans toute sa hauteur comme un bloc me barrant le passage. Et toi, tu deviens la lame avec laquelle j’affronte l’obstacle. Oh roc vierge, crains la force des mots ! Je me fais chevalier de la prose pour inscrire toute ma passion sur toute ta largeur. Ah…monde des rêves, si beau, si magique, et si cruel. Un monde dans lequel on aimerait tous vivre, mais que l’on habite le temps de la nuit seulement. Dois-je m’endormir pour l’éternité pour avoir la garantie d’y rester ? Seigneur, j’en arrive à vouloir m’enlever la vie alors que celle pour qui je me suis engagé, vit dans le monde des vivants. Mais toi qui t’amuses à arpenter la pièce malicieusement et que je cherche à attraper. Dans quel monde vis tu ? Dois-je retourner sur la terre de tes origines, ou même me prosterner sur la tombe de celui qui t’a donné tes fonctions ? Escalader l’Olympe à présent ! Mon Dieu je deviens fou pour des femmes. Fou d’amour pour l’une et fou de désir pour l’autre. Et cette dernière est la clé pour gagner le cœur de la première. Petite clé que je perds tout le temps au moment ou la porte est si proche. Ses cheveux s’entremêlent le long de mes rideaux. Et là ? Est-ce sa toge qui se confond avec les draps de mon lit. Tout se mélange, le rêve et le réel, la beauté de la fleur que je veux cueillir et la terre dégoutante dans lequel elle pousse. Je suis perdu dans mes propres rêves, dans mes ambitions. Noyé sur un océan de papier blanc, j’espère encore la lumière d’un phare, qui guidera ma voile jusqu’au point final. Je n’en peux plus de jouer. Finalement il est beau ce rêve ou tu me donnes l’arme contre la feuille de papier. Ce songe où tu guide ma plume le long des lignes. Et ce n’est rien si ce n’est pas la réalité, je préfère être en harmonie plutôt qu’en conflit avec toi. Ainsi dans ce monde presque trop beau, tes racines poussent dans une clarté pure. Et pas entre les murs noirs de ma chambre. J’espère seulement me souvenir des mots que tu m’auras soufflés durant mon sommeil, pour les retranscrire le lendemain à mon réveil. J’attends donc ta visite et je m’endors. Je ne crie plus, à présent je murmure ton nom: Calliope, ma belle muse offres moi le temps d’une page, le don de l’éloquence que j’ai tant cherché.
[Explication: un homme à la recherche de l’inspiration pour écrire à sa bien aimée et gagner son cœur. Il désir ardemment s’attirer son amour au point qu’il oscille entre rêve et réalité afin de s’attirer les bonnes grâce de Calliope, muse de l’éloquence qui peut le guider dans son épopée. Est-ce le poids de la fatigue qui le fait à ce point dériver, la folie de l‘amour, à vous de voir, mais n‘avez-vous jamais été confronté au problème de la feuille blanche ?] Dray : - Spoiler:
Au regard du rêve
Dans les rêves merveilleux ou naissent l’ambre et l’or Je me perd bien souvent, et délaisse mon corps Qu’à l’esprit si fluide je me laisser aller Dans ce rêve verdoyant de collines et forêts
Par delà les rivières fleurissent l’onde et la vie En amont croissent les arbres aux éclats estivaux Sillonnés par l’écorce brune et sombre où blanchit Un éclat de soleil comme il luit sur ta peau Sur ta peau assoupie
Certains rêvent bleu, et leurs regards portent au ciel Comme aux flots ; Ils partent chevauchant l’aquilon Embrassent cet univers aux nuages rebelles De leur blond cotonneux des cimes au menton Au menton de la belle
D’autres voient châtains leurs songes ; Dans la laine tiède Au confort d’une bête, créature de ce rêve Marchant dans l’automne des forêts, calme remède A ta peine ancestrale ; Ta compagne est ton Eve Eve et sa voix d’aède
Rêves, vous êtes infinis de couleurs, bleus à verts Noirs à jaunes, Quand un voile ne vient les haler De fantaisie folâtre ; Mais toujours le grand air Sous vos cils sème transe et désir ; et beauté A qui tu est si chère
Ce rêve merveilleux qui est le mien, je le rêve Je me voit dans un vert noisette, entre printemps Et automne. Ce brun réconfortant, chaud de sève Ne nuit pas à l’éclat de ces feuilles d’adamant Emeraudes de tes yeux
Ces rêves merveilleux, où sont-ils ? Je me plaint et languis de les voir
Comme les senteurs enivrantes J’ai tendu des images aux filets Espérant attraper et voler de ces rêves
Comme les souffles de braise J’ai jeté mon regard à tout autres Mais jamais en retour que la brise sans rien
Alors quand tombe la nuit dans les cieux Je m’endors et laisse aller mon esprit Dans ce rêve de tes rêves bien trop gris ; Dans tes yeux, oui Je voudrais dormir dans la couleur de tes yeux Mike Wolf : - Spoiler:
Au ciel des paupières fermées...
Pétale de rêve brûlant Chute sur la terre d’argent Chanson que le vent porte Rire que la mort emporte
Survole le printemps Ô doux été amant Que toute la tristesse sorte Pareille à le feuille morte
Réveille-toi, la vie s’en va Réveille-toi, une dernière fois. Et soudain plus rien Envie. Envie de bien Soupir, deux tours de pistes Oh, Abysses nihilistes
Fanfare silencieuse Rire, ô richesse gueuse L’entend tu ce divin Soupir ? Oui, non. Plus rien.
Réveille-toi, la vie s’en va Réveille-toi, une dernière fois.
Sens, extase éthyllique Délire psychédélique …réveille toi, la vie s’en… Ris, les mots s’immolant
Viens, bois jusqu’à la lie La coupe de l’insomnie La bois tu ? La vie s’en Va ! Danse avec le vent A rire à en pleurer Tu oublie d’écouter Ce bruit, cet écho laid … Une dernière fois… S’en va. Kathleen : - Spoiler:
« Ah ! Monsieur Lane, prenez place, je vous attendais. » « Ne mens pas, tu cours simplement après l’argent que tu vas recevoir à la fin de la séance. » Et ça recommençait. À peine une minute et il tentait désespérément de prendre le dessus. Le docteur Henry Cloud n’était pas à son premier patient dans ces circonstances, mais il devait bien avouer que celui-ci était plus résistant que les précédents. Aujourd’hui, ils débutaient la dixième séance, la dernière même d’après le programme. La semaine qui se profilait à l’horizon verrait son rapport sur le patient clôturé. Il serait ensuite complètement impuissant. En tant que médecin, cette simple pensée lui mettait le cafard. Mais ce n’était pas le moment de s’écrouler. Peut être y aurait il eu un miracle depuis la fois d’avant. Il fallait commencer par voir comment il avait travaillé pour s’en sortir. « Certes, vous avez le droit de le voir comme ça, je m’en moque après tout. Mais pour le moment, avez-vous réfléchi à ce dont on a parlé la dernière fois ? » « Les conneries sur le beau rêve et tout ? » Henry soupira. Décidément, c’était sûrement sans espoir cette fois. S’il voyait ça de cette façon... Enfin, le docteur se contenta d’acquiescer en attendant pour entendre la suite. « Ben... Oui, j’y ai pensé un peu. » Il en resta bouche bée. Après tant de résistance, cette carapace serait elle vraiment en train de céder. L’espérance pouvait finalement continuer de brûler pendant ces deux nouvelles heures. Un sourire enfantin illumina son visage lorsqu’il demanda à ce Lane de lui conter ce qui faisait pour lui un beau rêve. Il s’installa plus confortablement dans son fauteuil, prêt à entendre les paroles salvatrices. Au lieu de quoi son patient commença par un tout autre contexte. « Alors un beau rêve se déroulerait la nuit, dans un hôtel. Tu vois, le genre assez chic mais pas trop. Je ne roule pas sur l’or, alors même en rêve, autant faire attention. J’aurais trouvé juste avant une... Quoi ? » Le ton léger et narratif d’Edwin s’était soudainement muté en quelque chose de bien plus colérique. D’un geste brusque, le psychologue venait de l’interrompre. Lui aussi ne semblait pas de bonne humeur d’ailleurs. Il ferma les yeux et fit plusieurs exercices de respiration pour parvenir à se calmer. Quelle déception ! Lui qui avait cru pendant quelques secondes que cet imbécile avait été sérieux en cherchant. Tu n’es qu’un imbécile crédule ! Les battements de son cœur de nouveau à leur normal, le docteur reprit la parole, mais cette apparente patience sembla exploser dès le premier mot. « Un rêve érotique ?! Vous n’avez vraiment rien trouvé de mieux ? » À sa grande surprise, cette réplique retira toute trace de colère sur le visage de son client. Celle-ci avait été remplacée par l’étonnement. Cette expression passa très vite quand il pinça les lèvres, un sourire s’élargissant à grande vitesse. Et ce fut l’éclat de rire ! Ce n’était pas celui froid et sec auquel se serait attendu le médecin en connaissant un peu Edwin, mais plutôt du genre chaleureux. Il avait envie de se joindre à lui, seulement, son incompréhension le retenait. « Qu’est ce qui est si drôle ? Éclairez-moi. » « Si tu m’avais pas arrêté avant la fin, tu aurais vu qu’il n’y avait pas vraiment d’érotisme dans mes pensées. Mais si tu en vois, c’est que tu serais un pervers cher docteur, non ? » Le sourire goguenard sur les lèvres de son patient mettait les nerfs de Henry à rude épreuve. Être psychologue nécessitait une maîtrise de soi sans faille, et malheureusement, bien que réputé, c’était dans ce domaine qu’il avait encore beaucoup à apprendre. Seulement avec Edwin, il savait que ça ne servirait à rien de céder ? Au contraire, ça lui ferait plaisir ! C’était même ce qu’il recherchait depuis qu’ils s’étaient vus pour la première fois. Il ignora donc cette provocation en lui demandant simplement de reprendre où il en était. « C’est vous le doc’ ! Mais ne m’interromps pas cette fois, quoi qu’je dise, laisse moi finir, d’accord ? » « Hum... » « À la bonne heure ! Donc... Où en étais-je déjà ? Ah oui ! J’aurais trouvé juste avant une femme ni belle ni laide. Je n’ai, même en rêve, pas le physique nécessaire pour la première, mais quand même, je vaux mieux que la deuxième, non ? Pas la peine de répondre, je n’veux pas savoir en fait. On monterait sous le regard complice du personnel, et c’est là que le rêve prendrait forme... » En entrant dans la chambre, je la plaquerais avec tendresse contre le mur pour l’embrasser. Un lent et doux baiser tandis que ma main glisserait le long de ses hanches. Reculant alors, je la prendrais par la main tandis qu’une musique d’ambiance encouragerait cette ambiance romantique. Un sourire aux lèvres, nos deux corps s’allongeraient sur le lit avant de faire fusionner nos bouches dans une nouvelle embrassade. Je chercherais dans ma poche un objet avant de remonter cette main en de multiples caresses. Ce ne serait qu’en se décollant qu’elle comprendrait. Trop tard évidemment, c’est toujours trop tard. En l’embrassant encore, les cris seraient atténués malgré la lame qui pénétrerait son flanc. Le sang et sa couleur rouge viendrait lentement imbiber les draps alors que le couteau se retirerait pour revenir un peu plus haut. Bien sûr, elle se défendrait, corps et âme, griffant comme elle pouvait de ses ongles manucurés. Mais pour moi, ça ne serait que l’augmentation du plaisir et les coups seraient de plus en plus fréquents. Finalement, lorsque je me lasserais, alors cette lame désormais couleur vermeille viendrait lui arracher la gorge, détruisant les cordes vocales de cette charmante personne. Le sang maculerait alors son corps mais plus aucun son ne voudrait sortir de sa bouche. Seul ce regard empli d’angoisse persisterait, tellement jouissif pour moi.« Je préfère m’arrêter là, de toute façon, tu n’as sans doute pas la moindre envie que je continue, non ? » Les yeux mi-clos, Henry cherchait une petite touche positive dans cette discussion, mais rien. Il ne pouvait décidément rien en tirer. Son existence allait finir à cause de cette mauvaise définition du beau rêve. Il n’arrivait pas à le comprendre. Il était pourtant aisé de mentir sur ce sujet. Surtout que le docteur Cloud ne lui avait jamais administré la dose de sérum normalement obligatoire. A présent, il n’y avait plus d’autre solution. Ce monde nouveau, strict et tellement dirigé allait mener son patient sur l’échafaud. Comme tous ces meurtriers incapables de se repentir, de comprendre ce qu’il y avait de mauvais dans leurs actions. Las de tout ça, il alla regarder par la grande baie vitrée qui lui laissait voir l’ensemble de la ville. Des buildings, encore des buildings, rien d’autre que des buildings. Voilà ce qu’était devenue cette ville désormais. Les hélicoptères survolaient sans relâche les lieux. "La sécurité est dirigée par l’observation continue" telles avaient été les paroles du nouveau gouvernement. Personne n’avait protesté contre cette atteinte de plus en plus profonde à leurs libertés. La répression faisait tellement peur... « Vous êtes conscient de ce que vos paroles veulent dire ? » « Pas de rémission possible, le patient est considéré comme trop dangereux pour vivre dans cette communauté. Il sera donc éradiqué le lendemain. Je ne me suis pas trompé, doc’ ? J’ai peut être oublié quelque chose depuis le temps. » En se retournant, il aperçut le sourire de son jeune collègue. C’était deux ans plus tôt que ce dernier avait tout arrêté. Personne n’avait bien compris pourquoi, une romance rompue dans le sang par l’État. Pour Edwin, ça avait été un coup de poignard dans le dos. Toutes les enquêtes menées innocentaient sa fiancée, aucune preuve, mais il avait une fois élevé la voix. Une seule fois mais devant une assemblée gouvernementale. Ce n’était bien sûr pas interdit, ils avaient laissé un semblant de liberté, mais les prendre était dangereux. Ce n’était plus ce beau rêve d’antan, quand cet homme charismatique avait pris le pouvoir avec un soutien total de la foule. Elle était désormais sous un contrôle quotidien, la vie de chaque personne était archivée sur un réseau informatique. Ce fut de cette manière qu’ils découvrirent Summer. Piégée, elle s’était vue mise à mort peu de temps après sous le regard haineux de son amant. Il avait alors complètement disjoncté... « Comment en es tu arrivé là ? » « Ah ! Tu reprends enfin le tutoiement. J’avais vraiment l’impression d’avoir vieilli ! Pourtant, tu es bien plus vieux que moi. » Son visage respirait la vie et la bonne humeur. Mais il reprit très vite son sérieux pour répondre à la réelle question. « Tu le sais très bien. Ce système est pourri. Avec un peu de chance, ma mort amènera l’espoir. Je ne m’en irais pas sans faire plus de dégâts, crois moi. » Sur ces dernières paroles, la porte s’ouvrit. La silhouette de l’un des responsables de la justice se dessina dans l’embrasure. Grand et d’une carrure imposante, il planait autour de lui une atmosphère respectueuse que seul Edwin semblait capable de briser en lui faisant un petit signe de la main. Se levant, il jeta un dernier regard à son ami d’autrefois avant d'ajouter sur un ton moqueur. « Je dois y aller maintenant, mon papa m’attend. Mais tu auras de mes nouvelles bientôt. » À quelques heures seulement de la mise à mort, Henry ne voyait pas comment il pourrait avoir rapidement de ses nouvelles. Quelques heures... Encore une des folies de ce système. Le programme de ce dictateur avait au moins était suivi à la lettre. "Chaque individu recevrait sa punition à la fin de son évaluation" Au départ, il n’y avait vu que des inconvénients, mais après quelques années, on voyait se résoudre les problèmes de don d’organes plus facilement. C’était ce que Goldman avait appelé son beau rêve en arrivant au pouvoir. Le psychologue s’installa simplement à son bureau en se servant un verre de Scotch. Il n’avait plus d’autre rendez vous de prévus pour aujourd’hui et sentait que l’alcool serait le seul à pouvoir l’aider à supporter tout ça. *** Deux jours... Ce fut le temps qu’il attendit avant de pouvoir comprendre le sens des dernières paroles que lui avaient adressé Edwin. Un manuscrit accompagné d’une petite note. Rien de plus. Avide de comprendre, le docteur se mit aussitôt à la lecture. Son visage s’éclairant de compréhension à la fin de chaque ligne. Il se servait du système pour entamer sa destruction. La copie racontait en réalité sa véritable vision d’un beau rêve. Un sourire se dessina sur les lèvres du cinquantenaire. Dans le cas où l’on pensait qu’il y avait eu erreur lors du jugement, tous les textes devaient être rendus publics. C’était là le seul moment où la censure ne pouvait s’appliquer. Le gouvernement n’avait certainement pas anticipé cette possibilité d’attaque. En lisant les premières lignes du manuscrit, on comprenait très vite que tout n’était qu’un hymne à la révolution. Combien de temps encore le gouvernement pourrait survivre après cette publication ? Henry n’en avait pas la moindre idée, mais il attendrait simplement... ***Deux ans plus tard*** Le ciel était clair et l’on entendait autre chose que le bourdonnement de tous ces hélicoptères. Dans le même bureau qu’autrefois, le docteur Henry Cloud observait le monde par sa fenêtre. Le retour à la démocratie avait été semé d’embuche mais tout semblait réglé désormais. Bien sûr d’autres problèmes étaient revenu, la santé préoccupait comme la violence, mais cette population semblait si heureuse désormais... Les rires résonnaient, les mauvaises langues pouvaient s’en donner à cœur joie et personne ne venait les arrêter. « Tu avais raison mon ami, tu as tout changé dans la mort. Ou peut être t’es tu simplement endormi, pour retrouver ce beau rêve qu’est le tien... » Cerberus : - Spoiler:
- Non, en fait, le vrai problème, c'est leur protection...
Stephan Krüger se renfonça dans son cyber-connap, qui se pixelisa un instant, avant de s'adapter parfaitement à ses formes pour un confort optimal. Stephan avait toujours aimé le luxe dernier cri, et il avait toujours adoré en faire étalage devant ses interlocuteurs. Aujourd'hui, son interlocuteur, c'était Alex Delgado, du Bureau des Armées. Les deux hommes se vouaient depuis toujours une haine cordiale, qui, étrangement, améliorait encore la qualité de leurs travails respectifs. Stephan travaillait à l'OFI, l' Office Fédéral d'Information. Il s'occupait des « collectes » d'informations, avec sous ses ordres plusieurs unités des meilleurs mentalistes de l'univers connu. Ses collecteurs se mêlaient aux populations, aléatoirement, et analysaient la structure des pensées des citoyens, avant de faire un rapport global sur la zone étudiée. Personne, excepté Stephan, ne savait exactement combien ils étaient, et ils disposaient d'un droit d'anonymat absolument inviolable. Alex, lui, était responsable de tous les déplacements de troupes, ceci allant de la plus simple mutation d'unité à une attaque en masse. Il prit la parole à son tour.
- Oh, bien sûr, si on oublie leurs fusils à basses-impulsions, leurs canons antigrav et leur nouveau blindage, qu'ils appellent acier-soie...
Les deux hommes se foudroyèrent du regard un long moment. En vérité, ils étaient aussi mal à l'aise l'un que l'autre, et pour la même raison. Un groupe de xenos non répertoriés avait fait son apparition sur une planète éloignée de la Fédération, et l'avait conquise sans coup férir. D'après les témoignages, ils auraient eu des agents infiltrés; et l'OFI n'avait rien détecté. Leur technologie militaire supérieure et leur immunité aux sondes mentalistes posaient un véritable problème aux deux hommes chargés de la sécurité et du bon fonctionnement de près de trois cent mille planètes. Ils se jaugeaient du regard, chacun semblant hésitant violemment entre la poursuite de leur lutte séculaire et le souci de leur charge. Tiraillé entre leurs pulsions et leurs principes, ces deux hommes se regardaient dans le blanc de l'oeil en rongeant leur frein. Puis soudainement, une vibration intolérable fit voler la porte en éclat. Se retournant vivement, ils voulurent crier, mais leurs paroles disparurent en même temps qu'une lorsque la deuxième salve les réduisit à moins que du néant.
Jacob réussit à éteindre le réveil avant qu'il ne sonne une troisième fois. Maugréant et râlant contre les lundis et les le matin en général, il extirpa avec difficulté et mauvaise volonté sa grande carcasse dégingandée de son lit. Laissant les draps tels-quels, il se dirigea d'un pas lourd vers sa cuisine, ou sa cafetière automatique devait déjà lui avoir fait couler une tasse de noir bien tassé. De fait, quand il pénétra dans cette grande pièce blanche, qui lui faisait chaque fois penser à une salle d'opération, trop blanche, trop immaculée, trop artificielle, cette dernière était déjà embaumée de la senteur forte du café chaud. Attrapant sa tasse de la main droite et une biscotte de la gauche, il se laissa tomber sur sa chaise avec un sourire fatigué. Son horloge lui confirmait la triste réalité de chaque matinée de semaine : il ne lui restait que vingt minutes pour être prêt, habillé et en train d'attendre Marc, qui passait le chercher pour aller au bureau ensemble. Co-voiturage, ou encore « comment forcer deux fainéants à se lever tous les matins sans rien faire ».
Jacob avait horreur d'aller au travail avec Marc. Celui-ci n'avait rien d désagréable en soi, mais Jacob avait absolument horreur de l'odeur de vieux cuir mouillé trop de fois qui se dégageait des banquettes écaillées et grinçantes qui émettaient de vives protestations au moindre mouvement.
Sa montre vibra rapidement, lui apprenant qu'il s'était de nouveau perdu dans ses pensées, et que Marc serait en bas de chez lui dans cinq minutes. Jurant entre ses dents, il but son café en trois longues gorges, sa tartine en deux bouchées, comme tous les matins ou presque, se hâta de s'habiller et descendit en toute vitesse, finissant d'enfiler sa veste au moment précis où Marc ouvrait la portière à son attention, des cernes sous les yeux et un pauvre sourire sur le visage.
♠ Salut, Jos. Encore une semaine qui commence... Allez, monte, on ferait mieux d'arriver à l'heure aujourd'hui.
Marc avait pris l'habitude de l'appeler Jos. Cela datait de leurs premieres rencontres, durant lesquelles il confondait sans cesse le prénom de Jacob avec un autre, « Jocelin ». L'habitude et la bonne entente aidant, il avait gardé le diminutif. Jacob renifla et s'installa à ses côtés, grimaçant vagement en entendant l'inévitable gémissement du siège.
♠ Salut Marc. T'as l'air aussi réveillé que moi. Allez, pousse un peu ta poubelle et dépêchons-nous.
Il s'installa avec un soupir de lassitude, pensa un instant à la journée de travail qui l'attendait, et ferma les yeux quelques secondes.
Il courrait. Fin et élancé, ses pattes semblaient plus propulser le monde vers l'arrière que son corps vers l'avant tant il allait vite et tant l'effort lui semblait minime. Il parcourrait des paysages fabuleux, sans s'y arrêter, mais se gorgeant de leur magnificence silencieuse. Une gigantesque vallée, emplie de plantes de toutes formes, de toutes couleurs et de toutes tailles, allant des fleurs à baies qui poussaient en grappes aux pieds des arbustes, aux champignons fluorescents, toisant d'un suprême dédain les chênes et baobabs leur arrivant péniblement à mi-hauteur. Des lianes, des fougères, des cosses, des plantes à spore, des plantes lumineuses, des plantes aux couleurs vives, des plantes grimpantes, des plantes à larges feuilles, et partout des lucioles, une infinité de variétés d'insectes volants, rampants, marchants, qui tous brillaient, et semblaient donner vie aux moindres recoins de ce vallon merveilleux. Le loup vit tout cela, et ne s'arrêta pas. Le paysage changea. Une lande aride, à la terre craquelée, fissurée, où percent çà et là quelques touffes d'herbe malingre et terne, à perte de vue. Le loup ralentit un instant, intrigué. La vie se cache sous terre. Un formidable fourmillement de vie animale, qui bruisse et s'agite dans une frénésie dans fin et sans merci. Le loup repart, satisfait d'avoir percé ce mystère. Un forêt millénaire, peuplée d'arbres gigantesques et de dryades plus discrètes qu'une brise d'été. Des grands arbres se dégage une impression de sagesse, de force tranquille, et la forêt semble telle un titan des temps anciens, force sauvage et à l'état brut, endormi mais indomptable. Le loup hésite à s'arrêter, mais les dryades qui se rassemblent discrètement autour de lui ne lui inspirent pas confiance. Il continue son chemin. Une grande allée de pierres et de gravillons noirs, gris et blancs. Rien aux alentours, à perte de vue, ne vient rompre la monotonie du décor, ciel bleu pastel, au dessus d'une immensité plate, noire, grise et blanche, pourtant le loup file droit. Il sait qu'il va dans la bonne direction. Il n'y a pas le moindre vent, pas le moindre nuage, pas le moindre bruit. Même les pattes du loup dans le gravier ne produisent pas de bruit, et bien qu'on soit en plein jour, on aurai cherché en vain un soleil dans ce ciel si pâle. Il continue sur son chemin, et peu à peu, le dôme céleste change de teinte, se rapprochant plus du teint lavande, tandis que de chaque côté du coureur, à environ trois mètres de lui, semblent passer fugacement les contours troubles de tours translucides, qui se précisent à mesure qu'il avance. Au bout d'un temps, les tours sont visibles, et si le loup sait qu'elles sont toutes identiques, aucun n'est semblable à une autre. Celle-ci semble faite de morceaux de miroir tressés, tandis que celle est faite d'un feu qui ne brûle pas, et celle-là encore d'un son oublié de tous. Le loup ne s'arrête pas, ne ralentit pas pour regarder ces formes qu'il devine plus qu'il ne perçoit. Ces tours sont là pour le tenter, il le sait. S'il s'arrête, il ne repartira plus. La fascination l'emportera au loin. Et plus il avance, plus les tours retiennent son attention. Il accélère encore, et une pointe de lumière fait sa timide apparition au loin. Pas à l'horizon, pas devant lui, mais juste au loin. Par deux fois il manque s'arrêter brusquement pour regarder une tour, par deux fois il résiste. Et toujours la lueur augmente, et se précise. Maintenant qu'il la voit mieux, il sait qu'elle contient LA réponse qu'il cherche. Et plus il s'en approche, plus les tours sont belles et attirantes, et moins il voit où il va, aveuglé par cette tendre luminosité. Il accélère encore. Il y est presque. Il n'a plus qu'à avancer encore un peu...
♠ Jos, tu dors.
Jacob grommela. Ce qu'il faisait était important, l'importun ne le voyait-il pas ? Il fallait qu'il avance, qu'il SACHE...
♠ Jos, on arrive au bureau dans cinq minutes. Si tu veux être présentable, tu ferais mieux de t'aérer un instant.
Jacob se réveilla tout à fait en entendant ses paroles, qui firent s'enfuir comme neige au soleil les dernières brumes de son rêve, abandonnant derrière lui les vestiges de fatigue d'une nuit interrompue trop tôt, et trop de fois. Marc était d'une prévenance admirable, mais il détestait se réveiller en plein rêve, et tout spécialement le lundi. Le fait que Marc eut parfaitement raison et agisse au mieux ne l'aidait pas, au contraire. Refoulant sa mauvaise foi et son mauvais caractère du lundi matin, il descendit prudemment la vitre de sa portière. L'air glacial qui lui cingla aussitôt le visage acheva de le réveiller, lui fouettant les sangs et lui assurant qu'aucun sourire ne viendrait se plaquer sur son visage avant le café de dix heures. Il réarrangea sa cravate pendant que Marc garait sa voiture, ils sortirent et claquèrent leurs portes exactement en même temps, et le monde disparu.
◘ M'man...
◘ Hmmm... Quoi encore... Il est tôt, qu'est-ce qu'il y a... ?
◘ J'ai encore fait un rêve...
◘ Hmmpfff... Va te recoucher, mon trésor, papa va venir voir ce qu'il se passe...
[Interlude]
◙ Alors, bonhomme, qu'est-ce qu'il se passe ? Tu as encore fait un mauvais rêve ?
Papa se gratte la barbe d'un air fatigué, mais il fait des efforts pour avoir l'air réveillé et il a vraiment l'air d'écouter.
◘ Oui... J'ai fait un rêve où j'étais un monsieur pas content et fatigué qui s'endormait et qui rêvait... J'ai rêvé deux rêves dans mon rêve.
◙ Ah... Je vois. Et tu te sens comment, maintenant ?
Papa a l'air embêté. On voit bien qu'il aimerait avoir quelque chose d'intelligent à dire, ou savoir comment aider efficacement, mais il ne sait pas, alors il demande si ça va, et si ça va, il dira que c'est bien, et qu'il faut dormir, parce qu'il est encore tôt. Et il redemandera si ça va quand tout le monde se lèvera. Alors il faut demander un câlin maintenant, sinon ce sera trop tard.
Papa sourit et fait le câlin. Il éteint la lumière, le sommeil revient en courant.
La chambre est plongée dans la pénombre, un voyant vert clignote par intermittence au dessus du lit. Dans la pièce d'à côté, deux infirmières discutent à voix basse.
- Il est encore en train de rêver... Je l'ai entendu marmonner en passant vérifier sa tension tout à l'heure. Je trouves ça vraiment incroyable, de rêver à ce point... Et toutes les nuits ! Moi je fais pas des rêve comme ça...
- C'est peut-être à cause de sa maladie, d'après le Dr. Arnaud. Mais surtout ne le dérange pas, il adore ses rêves. Comme il ne peut pas sortir d'ici, son esprit part en vadrouille à chaque fois qu'il s'endort... Et il se souvient toujours de tout ! Si tu savais le nombre de détails qu'il m'a racontés, un jour où je lui ai demandé de ma parler d'un château, dans un de ses rêves... Ses rêves sont son plus grand plaisir depuis deux ans, depuis qu'il est arrivé, en fait, ou presque. Demain matin, tu iras le réveiller à ma place, et si tu fais bien attention, tu verras les étincelles dans son regard. Il te feras sûrement un petit résumé, il le fait tous les matins. Il adore répondre aux questions sur ses rêves.
Un silence. Les infirmières écrasent leur cigarette et ferment la fenêtre. L'aînée reprend :
- C'est pour ça que je m'oppose à tout traitement qui comporte un sédatif ou un somnifère... Ça l'empêcherait de rêver. Et il fait de si beaux rêves... Sid : - Spoiler:
Le temps était totalement sorti de la vie du garçon. Il ne savait plus quel jour il était, quand arriverait le lendemain. Il ne savait plus ce qu'il avait fait la veille, ni ce qu'il devait faire ce jour-là. Il ne comprenait que le moment présent, ne se souvenait que des cinq dernières minutes de son existence. La seule chose qu'il ne réussissait pas se sortir de la tête était sa passion amoureuse. Pour cet homme qui occupait toutes ses pensées. Edward, mon bel Edward, tu ne quitteras jamais son cœur. Il n'envisageait pas une seule seconde sans l'avoir dans le crâne, dans la peau, dans le cœur. Et même si dans ce monde il ne faisait plus partie de son quotidien, son souvenir le suivrait jusqu'à son retour chez lui. Chez lui. Si seulement il savait comment rentrer. Le rouquin ferma l'œil. Son corps tout entier sembla sombrer dans les tréfonds du monde. Devant sa paupière close défilèrent d'horribles cauchemars, souvenirs de son enfance disparue. Mais le jeune homme ne comprit pas qu'il voyait sa propre vie. S'il l'avait su, ces visions lui aurait semblé encore plus horribles qu'elles ne l'étaient déjà. Et puis.. Le vide. Plus rien. Après avoir entrevu ce gamin aux cheveux blancs, qui lui tendait la main du haut de ses huit ans, cet espèce de salon aux murs courbés, cet homme et son poignard en main, le gamin roux sortit de sa léthargie. A quatre pattes dans ce couloir mal éclairé, le garçon apercevait une ombre qui s'agitait, au loin. Elle avançait vers lui. Il était coincé, indécis. Devait-il aller à la rencontre de l'individu ou ramper dans le sens inverse ? Le destin lui épargna le choix. Dès que Sid, notre protagoniste, voulut bouger un muscle pour se redresser, il ne put. Aucun de ses membres ne répondait à son cerveau trop impuissant. Ses bras tendus lui faisaient mal aux articulations qu'il croyait céder à chacun de ses souffles. Sa respiration se faisait de plus en plus saccadée. Il distinguait à peine la silhouette qui s'approchait. Les larmes lui montèrent à l'œil tandis que la peur s'emparait de son être. Une boule se forma dans son ventre, qui remonta rapidement jusque dans sa gorge. Elle lui serrait les cordes vocales, l'empêchant de prononcer la moindre parole, le moindre son. Il était là, à quelques mètres de lui, ses pas claquaient sur le sol, résonnant dans ce silence pesant. Les dents du rouquin réussirent à passer outre la barrière du cerveau et s'entrechoquèrent. Tremblèrent. S'heurtèrent. Crissèrent. Dans ce couloir d'abord si silencieux, s'enchaînaient désormais les pas lourds de l'ombre et la collision des dents de Sid, qui provoquaient un bruit impressionnant par rapport à leur taille si restreinte. Sa mâchoire trépidante emporta soudain tout son corps qui se mit à convulser. Dans quel état de faiblesse se trouvait-il là.. Son visage était penché vers le sol, mais il releva la pupille, entre deux spasmes, pour observer la silhouette qui se dessinait parfaitement devant lui. Le rouquin ne pouvait apercevoir son visage, mais quel qu'il fut, il sentait qu'il courrait un grave danger. Il avait comme un mauvais pressentiment. Il n'était plus maître de sa destinée. Ici, cet homme (cette femme ?) à l'aura si envoutante, puissante, mesquine, le dominait de toute sa hauteur. Quel comble pour un garçon tel que Sid, qui surplombait toujours ses amis d'une bonne tête et demie. L'individu se pencha si bas que son regard rencontra celui du rouquin. Il lui sourit. Brièvement. Si Sid avait pu bouger, il aurait eu un mouvement de recul. Il ne pouvait pas croire ce qu'il avait devant les yeux. De longs cheveux bruns qui balayaient le sol, couverts d'un si joli chapeau aux bordures argentées. De grands yeux rieurs, lumineux, qui semblaient être la seule source de lumière de ce couloir trop sombre. Un sourire si familier qu'il crut rêver. Une allure, une prestance si raffinée qu'elle contrastait étrangement avec l'effet produit au prime abord. Cet homme.. Cet être si humain, cet individu si cher à son cœur.. Edward, Edward, que fais-tu ici ..? Le rouquin ne put admirer son corps plus longtemps. L'autre se levait déjà. Il n'était resté à terre que deux ou trois secondes, qui avaient suffi à Sid pour croire que deux longues heures s'étaient écoulées. Ce pauvre gamin, qui n'avait toujours pas retrouvé l'entier contrôle de ses membres, était frustré. Il aurait voulu se dresser comme un homme, lui sourire comme un enfant, le serrer dans ses bras comme un rouquin. Mais son maudit corps ne voulait pas exaucer ses désirs. Son cœur fondit à l'intérieur de lui et ses larmes glissèrent sur ses joues. Son gosier bloquait toujours les sons qu'il essayait désespérément de faire sortir. Mais alors qu'il se concentrait sur sa voix, qu'il ouvrait la bouche, qu'il poussait sur ses cordes..
« Edward !! »
Il avait réussit. Ses efforts n'avaient pas été vains. Pourtant, le dénommé Edward tourna la tête vers l'opposé de Sid et son être parut s'enchanter. Il courut vers l'extrémité du couloir, d'où il avait entendu son prénom. Ce n'était pas le rouquin qui l'avait appelé. Sa gorge n'avait pas été son alliée. Elle l'avait lâchement abandonné. Le garçon s'effondra sur le sol glacé, le froid s'empara de lui et le figea ainsi, impuissant témoin de la triste scène qui s'offrait à lui.
Son Edward. Son amant depuis toujours. Son amoureux éternel. Sa vie. Son espoir. Sa raison d'être. Son homme. S'enfuyait vers un autre. La lumière s'était allumée dès que l'autre avait hurlé. Dès qu'il avait sonné le glas pour rouquin. Les deux hommes se sautèrent dans les bras l'un de l'autre, leur étreinte brisa le cœur de Sid. Il voyait leurs mains se toucher, profiter de ces retrouvailles qui semblaient tant les réjouir. Leurs lèvres s'échangèrent de langoureux baisers, laissant exploser leur désir l'un de l'autre au monde entier. Il observait Edward poser sa bouche dans le cou de l'autre. Même s'il se trouvait à quelques dizaines de mètres, c'était comme si la scène se déroulait dans sa tête, qu'il savait tout ce qui se passait. Non.. Non.. Pas ces deux hommes là..Et lui..? et lui, qu'était-il ? Pourquoi ne le voyait-on pas ? Pourquoi lui infliger une telle souffrance ? Edward, pourquoi l'abandonner ? Méritait-il une telle humiliation ? Malgré son enlacement avec le sol, son manque de pouvoir, sa mort intérieure si proche, le rouquin put, dans un dernier souffle, hurler. Crier. Fort. Si fort. Exprimer sa peine, sa douleur. Son cri résonna tellement fort que les murs en tremblèrent, que l'image d'Edward et de son amant s'effaça de devant ses yeux, que son corps retrouva la chaleur des draps. Il se réveilla en sursaut, la sueur dégoulinant sur son front. Quelle joie de découvrir, dormant profondément du sommeil de l'innocence, Edward, blotti contre lui, le sourire sur son visage d'ange. Le rouquin eut un soupir de soulagement, et passa son bras autour de son amant, le gratifiant d'un baiser sur le front. Il étouffa un rire, nerveux, tant la peur qu'il lui avait faite était encore ancrée dans sa mémoire. Il se serra un peu plus contre lui, profitant de la chaleur de son corps endormi. Parfois, les plus beaux rêves se tracent sous la plume de Dame Réalité.
|
|