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| Sujet: Event 6 : Textes Dim 25 Mar 2012 - 14:23 | | Voici donc les textes. Vous pouvez voter pour votre favoris ! Et, tout naturellement, vous n'avez pas le droit de voter pour votre propre texte, ni donner des indices sur qui a écrit quoi. N°1 : - Spoiler:
C'est une belle et chaude nuit d'été. De partout, criquets et grillons font un vacarmes d'enfer. Des lucioles passent ici et la, comme des halos de lumières éphémères qui brillent un instant avant de s'éteindre au creux d'un tronc. Retentit aussi le sifflement strident des moustique dans les oreilles des hommes allongés ici et la, le regards vers un ciel ou volent par millier des papillons.
De papillon, il en est un qui dors encore, ici. Confortablement installé au creux de son cocon, il attend que le moment soit venu. Il était un ver avant, mais glissé dans l'antre qui est la sienne, il s'avance vers une nouvelle étape de son existence. Ce lourd ver qui trainait sur le sol, caché au coin d'une tente d'homme, ou perdu au pied d'un arbre avec ceux qui lui ressemble. Ce lourd ver va bientôt s'envoler, léger comme une feuille, pour aller toucher les étoiles. Il attend seulement le bon moment.
Et le bon moment vient enfin. Il le sait, car quelque chose au creux de son âme s'est déclenché. Alors tel un éclair il jailli hors de sa carapace. Il n'en à plus besoin désormais, il ne craint plus rien qui soit à terre. Il s'envole à toute vitesse, pars rejoindre haut dans le ciel ses congénères. Il brille en s'élançant, tout autant que les étoiles qu'il rejoint. Et il pars si vite; c'est le feu qui l'anime, le feu de son nouveau corps. Un corps qu'il possédait déjà, limité. Il n'aura fallu qu'un cocon pour le faire jaillir vers les cieux. Et il grimpe, il grimpe encore. Toujours plus haut, toujours plus brillant. Et ses frères volent avec lui, brillent avec lui. Tous ce sont élancé d'un même bon, comme animés par un ordre sourd. Les voila des millions à jaillir, jaillir encore, tous, à monter toujours plus haut vers les étoiles, et à briller d'un éclat de soleil!
Le voilà arrivé en haut. Si prés des étoiles, et pourtant elles restent des points lumineux, inaccessibles, comme les papillons le sont pour les hommes en bas. Il ralentit, car il est arrivé au sommet de son existence. Il se contente de planer dans cet air haut, sommet de la nuit noire. Il fait frais et il fait bon ici. Tout semble petit en dessous, et le paysage semble bien différent. Il ne reste de la terre plus qu'une ombre molle, d'où jaillissent de temps à autre les lumières d'un feu d'artifice. Criquets et grillons sont muets à cette hauteur, et les lucioles invisibles. Le sifflement des moustiques n'a plus d'homme à atteindre. Ne reste que le bruit plat du papillon qui file à travers les nuages. Séparé de la barbarie des hommes, il ne craint plus rien. Les avions eux même ne sont pas la; les maitres et possesseurs des cieux sont ici eux, papillons, et nul ne pourrait arrêter même un seul d'entre eux.
Mais les papillons sont hélas éphémères.
Le voilà qui retombe, pauvre papillon. Il n'a déjà plus la force de remonter. Il n'aura vécu qu'un instant la plénitude des cieux; il était condamné à retomber. Et il tombe, si vite! Plus vite même qu'il est tombé. Tout ses frères retombent avec lui, des étoiles filantes apeurées par la sol qui s'approche. Et tous savent que la mort les attends en bas. Alors ils crient, il hurlent, victimes de la perversion de ce monde qui les amène aux cieux pour mieux les en faire descendre. Nul espoir de paradis d'ailleurs. Cette descente sera fatale et sans retour, et les amènera tout droit vers les brulures de l'enfer. Ils gémissent si fort désormais, et si nombreux que les hommes même ne peuvent les ignorer. Les hommes qui courent pour esquiver ce nuage macabre. Même si certains sont encore à terre, et regardent sans broncher ce qui les vise. De toute façon, s'enfuir est inutile. Le souffle de mort des papillons est trop puissant.
Alors les voilà enfin qui touchent la terre, si dure. L'un après l'autre, ils s'écrasent, et meurent, mais dans quel éclat! Eux qui ne pouvaient plus voler, à terre encore ils trouvent la force d'exploser. Ils brillent d'un dernier feu si fort qu'il brule les yeux, qu'il ronge la peau. Et comme d'un battement d'aile final, ils projettent tout autour dans les airs, homme et machines démembrés. De cet ancien ver éclate les morceaux de son corps, métal brulant s'enfonçant dans une terre qui se retourne, ou attaquant le ciel cruel; ou bien encore s'en retournant vers les éternelles cibles humaines, si fragiles. Torturées par le bruit violents de criquets frappant le sol, de grillons explosant dans les ténèbres. Alors même que les lucioles par centaines jaillissent et brillent un instant pour venir s'éteindre dans leurs chair. Avec dans les oreille ce sifflement incessant et horrible de moustique, qui ne les lâchera plus. Il retentit même aux oreilles des hommes allongés qui n'ont pourtant plus rien à entendre, et dont le regard vide regarde, dans le ciel, voler, briller et tomber par millier les papillons de métal, si beaux dans le ciel. N°2 : - Spoiler:
Les batailles faisaient rage sans discontinuer depuis des années. Le paysage était complètement dévasté par les obus des deux camps. Dans ce chaos, les armées avaient évolué. Au commencement, des milliers d’hommes s’affrontaient, mitraillettes et fusils à la main pour certain tandis que d’autres conduisaient des chars d’assaut. Ces armes conventionnelles avaient été perfectionnées voire remplacées par de nouvelles technologies toujours plus destructrices. Bientôt celles-ci menèrent à de grandes découvertes biologiques… Les millions d’hommes morts depuis le début du conflit étaient désormais les symboles d’une configuration de combat obsolète. Maintenant, il ne restait qu’une centaine de soldat s’affrontant sans répit sur un territoire désertique. Les armes d’antan étaient inefficaces contre eux et il n’y en avait que peu qui demeuraient utiles : les sabres les plus récents ainsi que certains pouvoirs liés à ces nouveaux gènes implantés.
Cent quinze années. Plus de cent longues années depuis la déclaration de guerre. Aucune personne vivante n’y avait assisté. D’ailleurs, les raisons qui l’avaient engendrée semblaient de plus en plus vagues pour les peuples survivants. Chaque camp avait les siennes au départ, mais avec le temps, elles n’étaient plus au centre des batailles. Elles s’enchainaient sans grande réflexion autre que ne pas perdre. Ces nouveaux guerriers combattaient uniquement pour combattre, rien de plus. Protection ? Ordres ? Non, ce n’était plus leurs motifs. Tout ce qui les intéressait, c’était la supériorité, devenir le plus puissant et le dernier de ces supers soldats. Leurs nations n’étaient plus au cœur de leurs actions, elles représentaient seulement les alliances qui pouvaient les unir.
Les zones habitées étaient protégées par de grands dômes d’énergie. À l’intérieur, quelques milliers d’habitants seulement survivaient. Jour après jour, ils encourageaient ces hommes et ces femmes les représentant. Jour après jour, ils entretenaient l’espoir que leur nation triompherait et régnerait sans partage sur le monde... Se rendaient-ils compte que leurs soldats se moquaient de leur soutien ? ***** Parmi ces contrées, il y en avait une qui sortait du lot. Son nom ? Personne ne s’en souvenait. Sa localisation ? Elle aussi restait un grand mystère. C’était comme si la seule trace qui en subsistait était son unique combattante, la plus redoutée de tous ces supers soldats. Dix ans ! Elle rivalisait depuis dix ans, seule, contre le reste du monde, incapable de s’entendre pour la mettre à terre. Les batailles se succédaient pour un résultat inchangé : une victoire écrasante... Les rares survivants ne s’en remettaient jamais totalement. Physiquement, leurs capacités revenaient à la normale, mais mentalement, ils ne supportaient plus la moindre vision de violence. Bien sûr les plus grands psychologues de chaque pays se penchaient sur le problème. En vain... Tout ce qu’ils parvenaient à obtenir, c’était une description partielle de cette combattante et la peur incontrôlée qu’elle leur inspirait. Ses capacités, ses faiblesses, tous ces détails indispensables pour la mettre hors d’état de nuire ne semblaient pas pouvoir franchir leurs lèvres.
Malgré ça, de nouveaux soldats étaient envoyés sur le front, améliorés par rapport à leurs prédécesseurs. L’espoir grandissait alors ! Peut être que cette fois elle ne serait pas de taille... Peut être qu’elle n’aurait pas la puissance de mettre ces individus à terre... Et pourtant, au fil des années, rien ne changeait. Aucune nation ne parvenait à la blesser. Mais le plus étrange dans cette histoire était qu’en dépit de cette domination totale, elle ne cherchait pas à conquérir les autres pays. Pire, elle ne faisait que se défendre des agressions qu’elle subissait. Pour les dirigeants, cette guerrière était une épée de Damoclès prête à tomber sur tout ce qu’ils possédaient encore... ***** Quelques jours après la dernière rencontre avec cette combattante, le laboratoire de Cremnos, la plus riche des nations encore debout, lança une nouvelle arme. La foule devait se réunir sur la place centrale de la ville pour assister à cette annonce. Ce genre d’évènement était plutôt rare. En général, les résultats des recherches restaient inconnus de la population, les premiers regroupements de cet acabit ayant mené à de cuisants échecs. Les murmures des habitants se rendant au lieu de rendez-vous formaient un bourdonnement inquiétant.
« Vous savez ce qu’ils nous veulent ? » demanda quelqu’un. « Non, mais c’est plutôt bizarre... » répondit un autre. « Peut être ont-ils trouvé une solution. » s’enthousiasma une femme plus jeune. « Ou alors ils vont annoncer l’augmentation des prélèvements pour financer de nouveaux projets. » déclara le plus pessimiste d’entre eux.
Les hypothèses allaient bon train quand le chef du département recherche militaire se présenta enfin sur la scène centrale. Le silence tomba brusquement sur la Grande Place. L’homme s’approcha à pas lent du micro mis à sa disposition pour l’occasion. Son corps, affaibli par les années, restait pourtant sculpté comme au temps de sa jeunesse. La puissance avait disparu mais la carrure, elle, subsistait. Son crâne dégarni gardait les traces d’une chevelure blonde qui commençait à grisonner. Dans la quiétude des lieux, que seul un léger souffle tentait de briser, sa voix de ténor s’éleva.
« Mes chers amis ! Cela faisait plusieurs années que j’espérais pouvoir vous rassembler à nouveau de cette façon. Comme vous le savez, depuis l’apparition de celle que l’on surnomme parfois Gaïa, nos troupes sont régulièrement décimées. Nous avons donc travaillé, en parallèle des projets lancés, sur un prototype possédant toutes les améliorations découvertes depuis une dizaine d’années. »
Suspendus à ses lèvres, la foule attendait la suite, la véritable révélation, celle qui les avait amenés ici. La simple annonce d’une nouveauté n’était plus suffisante désormais. Il fallait du sensationnel, une nouvelle que personne ne soupçonnerait.
« En plus de ces capacités, nous avons étudié les caractéristiques mentales nécessaires pour supporter une bataille contre Gaïa. Le résultat de ces recherches mesure un peu plus d’un mètre quatre vingt et a réussi à surmonter de nombreuses épreuves lors de nos simulations. Il est même parvenu à les terminer toutes, sans exceptions... Je souhaitais, au nom de toute notre équipe, vous présenter celui dont je vous parle depuis tout à l’heure. »
Le silence se métamorphosa rapidement en un brouhaha assourdissant. Pendant ce temps, la nouvelle arme monta au côté de son créateur sous de plus amples applaudissements.
« Mesdames, messieurs, voici Ouranos ! » hurla le chercheur.
La clameur perdura pendant plusieurs minutes avant que le soldat ne s’approche à son tour. Le vacarme s’estompa presqu’instantanément. Il prononça seulement quelques paroles banales pour démontrer sa détermination et son courage. À peine eut il fini que les démonstrations de joie reprirent de plus belle. N’ayant rien de plus à faire, il se retourna et quitta rapidement la scène. Les cris le rappelant le laissaient indifférent. Sa mission s’arrêtait là pour aujourd’hui, il n’en ferait pas davantage... En bas, le chercheur le fit monter dans le véhicule qui les conduirait à leur domicile, ou plutôt ce qui s’en rapprochait le plus. De hautes barrières surplombées de barbelés en gardaient l’entrée. A l’intérieur, le domaine était bien entretenu et encadrait ce qui ressemblait à un vaste manoir. C’était là qu’Ouranos dormait, dans une chambre au sous-sol. Pas de fenêtres, portes blindées, tel était son quotidien. Mais il s’en moquait ! Dans son esprit, les notions de confort, de douleur, de peur ou même d’amour avaient été éradiquées. Un guerrier obéissant, sans sentiments, voilà ce qu’était l’arme ultime de Cremnos... Et cela, seule une poignée de personne le savait. Pour le bien de tous... ***** Le lendemain, à l’aube, Ouranos fut réveillé par le bruit sourd d’une personne frappant à sa porte. Il ouvrit les yeux tandis que l’individu continuait de marteler le métal blindé sensé lui interdire la sortie. Un acharnement inutile, mais peut être était-ce un nouveau qui ne le connaissait pas encore. L’arme émit un grognement qui arrêta immédiatement le vacarme. Il se mit ensuite la tête sous l’eau froide du seul lavabo présent dans la pièce. Après ça, il s’assit simplement sur son lit inconfortable dans l’attente de la suite. C’était tous les jours la même chose... Ou presque. Une personne entrait, lui donnait ses vêtements pour la journée et l’emmenait ensuite voir le professeur. Parfois cela allait plus loin... La frustration de l’arme avait conduit à plusieurs catastrophes. En conséquent, ils avaient payé ces gens pour qu’ils subissent, sans un mot, les rapports et autres humiliations dont Ouranos avait besoin, ou même envie. Hommes, femmes, peu lui importait. Dans ces situations, il n’était rien de plus qu’un animal...
Ce jour là, rien ne se passa. Il rejoignit rapidement son créateur qui lui confia sa nouvelle mission. Sans doute la plus facile qu’il n’ait jamais eu à accomplir, de son point de vue. Eliminer une seule personne, un unique soldat du nom de Gaïa. Sans un mot, il opina et se laissa conduire jusqu’à la voiture qui le mènerait à la porte Sud de Cremnos. De là, il commencerait la traque.
À leur arrivée, ils durent fendre la foule hystérique venue là pour assister à cet instant tant espéré. Le véhicule s’arrêta à une centaine de mètres de la sortie et la portière s’ouvrit sur Ouranos, acclamé par le peuple. Lui ne s’en préoccupait guère, sa mission en tête, il marcha, lentement d’abord, avant d’accélérer pour traverser le passage. Il marqua alors une pause, s’habituant à cet air pollué qui agressait ses poumons. Il savait qu’une minute était nécessaire pour adapter son corps et pouvoir fonctionner normalement. Après ce laps de temps, il s’élança dans ce paysage désertique, laissant derrière lui une population dont les attentes étaient grandes, très grandes... Peut être même trop grandes... ***** Deux jours passèrent avant qu’Ouranos ne trouve une trace de sa cible. Seulement, il lui fallait encore en remonter la piste pour avoir la confrontation qu’il recherchait. Des heures, des jours même à fouiller cette terre hostile où toxicité rimait désormais avec aridité. Sa résistance à cet environnement faisait elle aussi partie de toutes ces modifications génétiques qu’il avait subies. Boire et manger étaient devenus des actions seulement hebdomadaires. Pour cette mission, l’arme de Cremnos ne portait donc qu’une petite gourde d’eau et quelques biscuits, le reste de ses bagages ne comportant que des objets dont la dangerosité allait de faible à mortelle... Puis vint le quatrième jour... Il lui fallut quatre longues journées, depuis sa première piste, pour retrouver Gaïa. Les descriptions qu’on lui avait fournies étaient sommaires, mais dès que son regard tomba sur elle, il le sentit. Ses entrailles s’animèrent comme pour se nouer, mais le sentiment de peur qu’il aurait dû ressentir ne vint pas. Ses gènes l’immunisaient. Il sentait toutefois quelque chose d’étrange à l’observer. Ce que ses prédécesseurs avaient décrit comme une puissance contrôlée, mais cachée, prenait à cet instant tout son sens. C’était une guerrière aguerrie qui avait dû sentir la présence d’Ouranos, et pourtant... Pourtant, elle était allongée sur le sol, le regard perdu dans le ciel, sans la moindre trace de tension. Et malgré ça, il savait qu’attaquer de front serait une erreur, c’était comme une voix qui lui hurlait de se méfier. Une diversion, voilà ce dont il avait besoin. Sa main se porta instinctivement vers ses armes de lancer. Sans être mortelles, elles auraient l’avantage de la faire bouger. Aussi facile que serait la suite, il avait besoin d’avoir un aperçu des réelles capacités du soldat le plus craint depuis le début de cette guerre avant d’agir. Savoir à quel niveau il devait s’investir pour une victoire simple et efficace. Son bras décrivit un arc de cercle alliant rapidité et précision, envoyant deux étoiles métalliques vers ce corps immobile.
Si le sentiment de surprise avait été ancré quelque part dans son organisme, il l’aurait sans aucun doute ressenti au moment de lâcher ses projectiles car, à cet instant précis, le regard de Gaïa l’avait pénétré de part en part. Elle savait... Ce fut la seule pensée qui lui vint à l’esprit. Dans l’intervalle de temps restreint qui lui restait pour agir, elle eut tout juste le temps de se relever, pas de fuir ! Pourtant, aucune effusion de sang. Les petites étoiles semblaient avoir heurté un mur dans lequel elles avançaient avec prudence. Puis, tout s’arrêta. Elles flottèrent librement, inertes. Ce moment de statique ne dura que quelques secondes. La dynamique reprit ses droits lorsque le bras de Gaïa s’anima d’un faible mouvement vers l’avant. Un sourire naquit alors sur ses lèvres tandis que les deux projectiles retournaient vers Ouranos aussi vite qu’ils l’avaient quitté. D’un pas, ce dernier les esquiva, mais son cerveau se mit à tourner à plein régime. Il lui fallait comprendre et analyser ce qui venait de se passer...
« Tu es différent des autres toi. »
La voix de Gaïa perça le vide du désert avec douceur. Ce n’était pas le ton que l’on attendait de la plus dangereuse et la plus puissante des combattantes... À dire vrai, elle faisait plus penser à celle d’une femme aguicheuse.
« Beaucoup m’ont ainsi découverte, mais personne n’avait encore tenté autre chose qu’une attaque frontale. La tentation d’attaquer dans un moment de faiblesse devait être trop forte je suppose... »
Ouranos n’écoutait plus depuis longtemps. Son esprit cherchait la faille dans cette défense temporelle. Il n’attendit pas qu’elle finisse et envoya vers elle ce qui ressemblait à des éclairs. Ils semblaient tomber du ciel, pavé de nuages noirs, comme en plein orage. Gaïa ne sourcilla pas lorsque ceux-ci atteignirent ce qui lui servait de bouclier. Comme les étoiles avant eux, ils ralentirent mais beaucoup moins et elle sentit bientôt la brulure de ces attaques. Une grimace remplaça son sourire. C’était la première fois que l’on parvenait à la toucher.
« Intéressant... » déclara-t-elle quelque peu surprise.
Mais son adversaire se préparait déjà à la suite. Elle n’était pas différente de la précédente, juste plus puissante. S’il avait réussi à pénétrer ses défenses une fois, c’était donc bien chose possible. Cependant, elle ne resta pas de marre devant cette nouvelle attaque. !
Un étrange bouclier apparut, circulaire, gravé et incrusté de pierres rouges. Ses yeux brillaient, une lueur malsaine qui venait d’apparaître sur son visage souriant. L’attaque d’Ouranos pénétra très facilement ses défenses avant de se heurter à sa nouvelle protection. Il ne s’arrêta pas là pour autant, multipliant les offensives, augmentant l’intensité de la décharge à chaque tentative... Rien n’y faisait. Pire, Gaïa s’approchait de lui et repoussait toujours plus facilement chacun de ses éclairs.
Le soldat de Cremnos ne s’inquiéta pas, il ne pouvait le faire. Saisissant l’un des sabres en sa possession, il repartit à l’assaut. Chacun de ses coups se plantait à nouveau dans ce mur invisible. Sa vitesse était limitée par son enveloppe corporelle. Mais il y avait plus que ça... Il avait la sensation que l’emprise de Gaïa augmentait, que son approche l’avait même incorporé dans cette zone. Il la voyait bouger de plus en plus vite, mais le temps d’en comprendre la signification, il était déjà trop tard. Ouranos tenta de s’extraire, sa volonté lui permit même de faire tomber une avalanche d’éclairs qui furent complètement inefficaces.
« Ils n’ont toujours rien compris... »
Pas la moindre remarque de son interlocuteur qui s’acharnait seulement à s’échapper, en ain. Les secondes défilaient et chaque mouvement devenait plus difficile. Devant ses yeux où brulait sa volonté, les contours d’un étrange sablier se dessinaient.
« C’est inutile. Tu as été plus résistant que les précédents, mais tu vas disparaître... Tu en sais beaucoup trop désormais. »
La clepsydre avait maintenant une réalité physique. À l’intérieur, pas le moindre fluide, seulement ce qui ressemblait à des habitations. En y prêtant l’oreille, on pouvait même distinguer la rumeur de toute une population.
« Je te présente Formos, le pays que tout le monde recherche, mon pays. Et tu vas contribuer à son maintien dans cet espace temps. »
Grandissant, le sablier servit bientôt de fauteuil à Gaïa qui interrompit toutes les actions d’Ouranos, figé. Son bouclier se mit ensuite à tournoyer sous les yeux grands ouverts de son adversaire. Doucement, sa peau se flétrit, ses cheveux blanchirent. Il vieillissait, sans pouvoir se défendre. Finalement son cœur s’arrêta, sans douleur. Mais le temps poursuivit sa marche en avant jusqu’à laisser qu’un squelette qui s’écroula quand la tension retomba. Le bouclier comme le sablier commencèrent à s’effacer. Quand plus rien de physique ne subsista, Gaïa reprit sa route dans ce désert, guettant la nouvelle attaque...
Pendant ce temps, le niveau des batteries alimentant Formos se rechargèrent et les chants à la gloire de leur combattante résonnèrent toute la nuit. Pour la guerre. Pour la paix. Pour leur survie... N°3 : - Spoiler:
Le matin, les nuance qui s'offraient à ses yeux ressemblait tellement souvent à juste un mélange de flou et de fatigue qui lui meurtrissait un peu plus la rétine. Elle ne cherchait pas vraiment à voir ce monde qui la frigorifiait d'avance avant même d'avoir fait un seul mouvement. Elle frissonnait sans même savoir, elle allait voir quelque chose ou non. Son être tout entier avait juste peur sans même qu'il n'y est de raison et sa vue brouillant tout. Ses yeux d'eux-même transformaient tout ce qui l'entourait, un simple chaton pour elle devenait une créature de la pire espèce qui ne souhaitait que la tuer dés qu'elle aurait le dos tourné. Parce que oui bien sûr, elle c'était mise dans la tête sans aucune raison qu'elle avait le monde à ses trousses, que tout le monde même la plante là-bas au fond ne désirait ne faire qu'une seule bouché d'elle. Tout s'embrouille dans sa tête et ses yeux n'était pour le moment qu'à peine ouvert.
Ses mirettes s'ouvrirent encore un peu plus et laisse traversé une toute petite partie des rayons du soleil. Elle était si fatigué, si endormi encore, elle souhaiterait encore sombré dans le monde des songes, mais sa peur lui l'interdit. Alors, elle se leva dans son bosquet qui la protège si peu tenant contre elle une pierre un peu pointu qui pourrait peut-être faire rire la personne qui cherchera à l'agressé, mais elle cela la rassurait tout de même. Qu'elle était bête de se croire un peu plus en sécurité avec un simple et unique cailloux en main dans se monde qui la dévore encore un peux plus qui la pétrifie. Son ventre grogna encore un peu, mais là elle n'en avait que faire, le froid qui l'entourait et le serrait lui font suffoqué son âme. C'était l'hiver ici et cela l'étonnait comme si dans son esprit le fait qu'ici aussi le temps change ne lui était jamais venu en tête.
Il y a cette légère couche de neige qui recouvrait le sol autour d'elle ainsi qu'un fin duvet qui lui glaçait encore un peu la peau. Elle aurait souhaité ne jamais se réveillé, juste mourir dans un sommeil sans avoir à souffrir, sans n'être qu'une simple proie pour le monde sur le quel elle divague jour et nuit pour en sortir un jour. Elle se releva et sans même tenter de retirer la crasse qui se faisait doucement sur elle, elle avançait sans but vers une direction inconnue. Elle se voyait tel un papillon qui vole de plus en plus loin, toujours avec autant d'énergie même s'il sait qu'il mourra bientôt soit par le temps si court de vie qu'il dispose, soit par la bouche d'un araignée dont il n'aura point vue la toile. Elle aimerait presque que la toile soit si proche pour ne plus trembler à chaque pas, mais malheureusement pour elle le destin était un connard qui souhaitait encore jouer avec elle et ne lui laissait pas de temps de répit. Pourtant, pour le moment, il ne lui avait pas fait vraiment de chose qui pourrait être pris pour de harcèlement, mais voilà le simple fait d'être ici était déjà trop.
Son ventre criait encore famine. Dire qu'elle en c'était point nourris parce qu'elle avait si peur de mourir au moindre truc ingurgité dans ce monde. Cela serrait peut-être une solution pour revenir d'où elle venait, mais dans le doute elle préférait ne pas tenter trop sa chance. Elle avançait sans aucun autre but que de ne voir personne pour survivre un peu plus selon elle jusqu'à qu'elle arriva face à cette arbre couvert de pomme de toute les couleurs. Son ventre cria encore une fois, elle hésita. Elle regarda les fruits avec envie. Trop petite pour en attraper une de couleur traditionnelle donc elle rabattit sa mains sur celle bleu clair juste a sa porté. Cette pomme qui semblait la narguer et lui dire « Mange moi si tu veux devenir chasseur. ». Dire qu'elle comme une imbécile, elle avait mordu dedans sans aucune hésitation, sans chercher à comprendre le pourquoi du comment. Maintenant voilà son monde est seulement violet et rose, les nuances ne tournaient d'entre ses deux couleur et elle commençait même a voir une ville sortir de nul par et qui se formait, s'enroulait, cherchait à l'étouffer.
Les larmes dans ses yeux terrifiées se formaient doucement et rendait la vision de ce monde qui se créait sans son accord encore plus déroutant. Elle se replia sur elle-même et ne bougea même plus. Son cerveau ne fonctionnait plus, comme si on venait de le mètre sur pause. Elle attendait que tout se stop avec un espoir fou. Sa respiration se saccadait et devint difficile. Soudain il eu ce bruit, un simple bruit de branche qui bougeait avec le vent, mais cela était déjà beaucoup trop. Ses jambes se sont dépliées aussi vite qu'un guépard bondit et elle courra à perdre haline pour ce trouver une cachette. N'importe quoi pour simplement ne plus qu'on puisse la trouver.
Dans sa course, son pied se pris dans une racine qui sortait un peu du sol. Son corps tomba dans un un bruit sourd et elle tremblait de tout son être en gémissant. Ses propres gémissement lui font peur. Elle se haïssait pour avoir autant peur de tout, mais elle n'arrivait point à se stopper. Elle se replia sur elle-même comme une enfant en priait que tout redevienne normal vite. Elle n'y croyait plus, mais elle même n'arrivait pas à ce persuader que tout ira bien. Puis il y avait eu cette petite lueur, ce petit scintillement qui réchauffe l'âme, enfin tout du moins la sienne. Elle tendit le bras pour attraper ce truc qui luisait juste à côté d'elle et que malgré ses yeux qui lui jouaient des tours elle pouvait le voir. Un petit sablier était là dans sa main. Elle l'observa longuement, se redressa, et au final se perdit dans sa tomber du sable. Entre un cauchemars vivant et un rêve éveillé, elle préféra encore se petit bout de rêve. N°4 : - Spoiler:
Une nouvelle journée. La musique se fraye doucement un chemin dans les brumes que Morphée fait encore peser sur moi. Elle pénètre mes songes, s'y intègre, comme si elle avait toujours été là ; comme si mes rêves défilaient au rythme qu'elle leur imposait. Je ne cherche pas à comprendre ce que murmure la voix roque du chanteur. Je suis simplement bien, lovée sous le draps qui me sert de couverture. De toute façon, j'ai le temps, le vrai réveil ne sonnera pas avant une demi heure. Ce laps de temps est mon favori. Encore engourdie de sommeil, je ne pense à rien, me laissant bercer par le petit bruit de fond que crée la radio. Je n'ai pas encore envie de rejoindre la réalité. A dire vrai, je ne ressens jamais cette envie. Elle n'est qu'image fade, alors que mes rêves, certes angoissants à certains moments, sont si colorés. Je me recroqueville un peu plus, serrant mes genoux contre ma poitrine, et oublie que d'ici quelques minutes, cette cotonneuse rêverie s'envolera à coup d'une stridente sonnerie. Oui, d'ici quelques minutes. Je ne dors plus vraiment, figée dans l'attente de ce signal qui annoncera le début d'une nouvelle journée. La même qu'hier. Je n'ai pas envie d'y penser et essaye de retrouver les sensations joyeuses qui m'enveloppaient il y a peu. Il est trop tard. La nuit s'est retirée, emportant avec elle, les dernières traces du simple bonheur qu'elle m'avait offerte. J'entends déjà mon portable vibrer et une voix horripilante raisonne dans la pièce. Je m'empare de cet instrument de torture et mets, dans un geste agacé, terme à ce boucan diabolique, puis le laisse tomber sur le lit avec négligence. C'est fini. Allongée sur le dos, je m'étire, l'échine cambrée et les poings serrés sur ma couverture. J'ai encore dix minutes avant d'avoir l'urgente obligation de poser mes pieds sur le carrelage froid – oui, je fais sonner mon réveil toujours en avance – et me saisis de mon paquet de clopes qui traine dans le tiroir de l'armoire, me redressant dans le lit. Je sais, c'est mal de fumer à jeun, mes amis ne le disent que trop souvent. C'est mal de fumer tout court, en fait. J'entends encore mon père me lancer un « Espèce de toxico » mi-amusé mi-réprobateur. Qu'importe. Je coince le bâton de nicotine entre mes lèvres et approche mon feu. J'adore la sensation que ça me procure. J'ai l'impression que mon corps se transforme en coton. Une douce léthargie s'empare de moi et je ne suis plus capable de bouger que mon bras, et mon cerveau engourdi cesse de fonctionner. La radio est toujours allumée. Ça va être l'heure des informations. Je daigne enfin tendre l'oreille et lui prêter attention. J'écoute sagement, tout en sachant que, d'ici quelques heures, j'aurais tout oublié des horreurs qui se sont produites dans le monde. Enfin, ça me donne bonne conscience. Genre, je suis une fille sérieuse que s'intéresse à ce qu'il se passe. Avec un peu de chance, au détour d'une conversation, je pourrais caser mon « Ah oui, c'est vrai. J'ai entendu ça ce matin aux infos. ». Ça donne tout de suite une bonne image de toi, de la fille qui a de l'intérêt pour tout. La bonne blague. Comme c'est si bien dit, c'est juste une « image ». Bref, maintenant que c'est fait, faut vraiment que je me bouge. Rejetant la couverture et quittant la chaleur des mes draps, je me dirige vers ma salle de bain, si l'on peut appeler ça comme ça, sachant que je vis dans un dix-huit mètres carré. L'image que me renvoi le miroir n'est pas très jolie. Un visage fatigué, le teint pâle. Je passe mes doigts sous les yeux en un espoir fou de gommer les cernes, puis abandonne la partie – c'est peine perdue – et me glisse sous la douche. L'eau me brûle la peau, c'en est presque douloureux, mais je ne baisse pas la température, m'oubliant quelques instants sous le jet puissant, le menton brandit en avant. J'ai toujours l'impression que ce liquide brûlant pourrait tout effacer : les blessures, les masques. Juste comme ça. Juste en ruisselant sur mon corps. Mais ce n'est que douloureuse illusion qui disparait tandis que je passe mécaniquement la serviette sur mes membres. Je m'assois à la table, une tasse de café fumant devant moi, enveloppée du tissus humide. C'est ma drogue à moi. Il m'arrive parfois en boire plus d'un litre en espace d'une après midi. C'est mal, me dit-on. Je m'en fou. Leurs mots sonnent creux. Les gens ne se préoccupent pas vraiment de moi, disant cela que par pur réflexe. Je bois tranquillement, une seconde clope coincé entre les doigts. Je ne mange toujours pas, mon estomac refusant l'intrusion d'un quelconque aliment. Puis il faut se préparer. Je laisse tomber la serviette à mes pieds, face au miroir. Je déteste le nu qu'il me renvoi. Ce ventre, pas gros, mais légèrement rebondi ; ces hanches trop larges à mon goût ; cette poitrine pleine, que nombreuses jalouse, mais qui m'insupporte. Oui, je déteste et pourtant je regarde. Je ne sais pas vraiment pourquoi. J'y cherche peut être l'explication de mon mal. Je ne hais pas vraiment mon physique. Au fond, je suis quelconque. Pas moche ; pas resplendissante. Je suis juste Mademoiselle tout-le-monde. J'inspire un grand coup et me détourne. Non, vraiment, je n'aime pas me voir nue. Pudeur d'une vierge farouche ? Ha ha. Si seulement. J'enfile un short pardessus un collant sombre et complète le tout du premier t-shirt trouvé dans l'armoire et me positionne une nouvelle fois devant la glace. C'est un peu mieux. D'un trait noir je souligne mon regard noir et passe une main dans les cheveux encore humides. Les mèches brunes retombent en désordre sur mes épaules et mon dos. Il y a bien longtemps qu'elles n'ont pas connues la caresse d'une brosse et c'est très bien ainsi. L'ensemble me semble convenable. Je fais quelques sourires, me préparant pour la journée qui va suivre. Toujours paraître heureuse, insouciante et un peu naïve. Mon visage peint doucement les traits de ce masque. Parfait. Je suis même presque jolie. J'attrape mon sac et passe la porte, la claquant derrière moi. La fraicheur du matin finit de me réveiller totalement, tandis que j'avance d'un bon pas pour aller attraper mon bus. Quelques personnes se retournent sur moi. Si énergique dès le matin ? Non. Je vais vite pour ne pas avoir l'occasion de faire demi-tour et aller m'enfermer dans cette chambre triste et impersonnelle. Hop, un joyeux « Bonjour ! » lancé au chauffeur et je m'assois sur un siège libre. C'est le moment que j'aime le moins. Mon masque de petite fille vive et mignonne a tendance à s'effriter, tandis que le paysage morne défile devant mes yeux. Je ne me reprends que lorsque je surprend le reflet de mon visage grave dans la vitre. Non. Non. Je suis joyeuse et naïve. Je souris. Ma fac se présente devant moi. Je descends du bus, légère, et aperçois sur les marches un de mes bons potes. Enfin... lorsqu'on est en période scolaire. Pendant les vacances, c'est silence radio des deux côtés. Qu'importe. Je me pose à côté de lui. « Hey, Alice ! Ça va ? » Je lui offre mon plus beau sourire avant de répondre. « Super, même si j'ai grave la flemme d'aller en cours. Et toi ? -La même. Mais bon, voyons le bon côté des choses. On a que quatre heures et après c'est le week end ! -On ira boire un coup, tout à l'heure ? » Il hoche la tête en un « Carrément ! » joyeux, avant de me préciser qu'il a plein de trucs à me raconter. J'éclate de rire. J'adore ce garçon et l'envie en même temps. Il a une vie, lui. Moi, je n'ai jamais rien à dire. Rien de palpitant ne se passe dans ma morne existence. Chaque jour se ressemble. Par contre, je dois toujours rester sur mes gardes en la présence du garçon. Il a tendance à facilement percer la carapace dans laquelle je me terre. Il ne dit rien, bien sûr, mais je sais bien qu'il voit que la vrai moi n'est que rarement présente. Enfin, si. Il me l'a fait remarquer un jour, me faisant promettre de faire des efforts. C'est ce que j'ai fait. Je joue maintenant la comédie bien mieux qu'avant. La journée a défilé bien plus vite que prévu et nous voilà assis à la terrasse d'un café à fumer des clopes et boire des coups. Je ris aux éclats tandis qu'il me raconte ses mésaventures. On parle du dernier film qu'on a vu. On « clash » sur la fille la plus haïs de notre promo. C'est assez agréable. J'ai l'impression de me sentir enfin un peu vivante, mais c'est de courte durée. Ses amis le rejoignent et la conversation prend un autre tournant. Je n'arrive pas à m'intégrer. Je ne sais pas de quoi ils parlent. Mon ventre se tord douloureusement, tandis que je m'efface. Ça a toujours été ainsi, dès que je me retrouve dans un groupe, je perds tous mes moyens. Je ne parle plus, me contentant de sourire bêtement, les yeux dans le vague et à chercher le moyen le plus rapide de fuir. Aujourd'hui, je ne trouve pas. Je lui avais dit – quelle conne – que j'étais libre. Je me sens seule, assise là, au milieu de ces gens. J'espère un miracle et, chose surprenant, il se manifeste sous forme d'un texto. « Salut, poulette. J'espère que t'as pas oublié qu'on se retrouve d'ici deux heures chez moi. A tout à l'heure ! » Si. J'avais oublié. Enfin, si ça me permets de m'échapper... Je me lève et fait un signe de main à tout le monde – ils n'en ont rien à foutre, je sais – et m'éloigne. Je rentre chez moi et me pose, regardant les minutes filer en trainant sur l'ordinateur. Le but recherché est atteint : je suis en retard. De dix minutes. De vingts minutes. De trente minutes. Le portable serré entre les doigts, je ne cesse de regarder si j'ai des messages. Vont-ils s'inquiéter pour moi ? Me demander quand j'arrive ? Le sms tant attendu ne vient pas. J'ai pourtant tant besoin qu'on fasse attention à moi, qu'on remarque mon absence. Mais non. Encore et toujours cette désagréable sensation dans le creux de mon ventre. L'impression de n'être importante pour personne. J'ai envie de pleurer, mais au lieu de ça, je me lève pour aller rejoindre ces personnes que naïvement je vois comme mes meilleurs amis. A tort ? Je ne sais pas. J'ai juste besoin d'y croire, pour me sentir un peu moins mal. Pour me sentir un peu moins seule. Quand j'arrive, la fête bats déjà son plein. Ils rient et dansent. Sans moi. J'entre en souriant et lance une réflexion amusée sur leur état plus que second. Ils me répondent par un simple « Hey, Alice ! Tu veux une bière ? », comme si de rien n'était. J'en prends une et la vide aussi sec, cherchant à noyer dans cette boisson âcre toute ma rancœur. C'est la première d'une longue série. Comme si j'avais besoin de boire pour exister aux yeux des autres. A vrai dire, j'ai tendance à croire que c'est le cas. Tout doucement, je commence à ne sentir plus rien : ni ma langue, ni mes lèvres. Je me mets à rire pour un rien. Je danse. Je dis des conneries. Enfin on me voit. Je suis juste pitoyable et cette sensation d'être là n'est que douce illusion. Alors je réalise enfin. Je suis transparente. Je n'existe pas. Pour personne. Les larmes me brûlent les yeux, tandis que je fuis cette joyeuse cohue. De retour chez moi, je m'effondre, le cœur serré et la respiration courte. J'ai tellement mal. Je voudrais hurler que j'existe. Regardez moi ! REGARDEZ-MOI ! J'ai tant besoin d'avoir un peu d'importance pour quelqu'un. Mes larmes coulent le long de mes joues en de petits ruisseaux salés. Elles s'écrasent sur mes bras, sur mes cuisses, mouillant mon t-shirt au passage. L'air me manque ; je suffoque. Ouvrant grand la bouche, j'essaye de calmer cette respiration qui s'emballe. Je m'étends sur le lit, mes épaules secouées de sanglots. La blessure qui me ronge et encore un peu plus grande. C'est ainsi que se termine la journée. Comme hier. Comme les précédentes. J'attrape mon portable dès le réveil. Pas de messages. A quoi je m'attendais ? Personne ne s'est rendu compte de mon absence. Ce n'est pas grave. Ça n'a pas d'importance. Je sais très bien que je leur sourirais heureuse, la prochaine fois que l'on se verra, comme si de rien n'était, parce que je n'existe plus. Seul le masque reste et le léger vide dans le fond de ma poitrine. Je ne suis plus que pantin. Je suis morte. Regardez moi sourire : c'est le dernier cadeau que je vous offre. Vous n'avez pas besoin de plus et moi, je n'ai plus rien d'autre. Une nouvelle journée qui commence. La même qu'hier. La même que les autres. N°5 : - Spoiler:
L’eau transparente se colore. Les nuances s’ajoutent, se tordent puis se mélangent. Pastels et autre coloris plus vives s’allient dans une valse psychédélique, pour former peu à peu des formes que l’esprit humains connait bien. Ainsi les ondes bleues, formeront la surface lisse de la rivière. Tandis que les teintes vertes se poseront sur des feuilles pour habiller un arbre. Une odeur de pollen flotte dans l’air, le ciel est clair, le soleil vif, quoi qu’encore timide. La végétation paresse sur le bord du fleuve endormis, bien décidé à rester dans son lit où une barque est amarrée. Moi-même il me vient l’envie irrésistible de me laisser aller à la contemplation de ce lieu, pour finalement me laisser glisser dans les bras de Morphée. Je ne sais plus ce que je fais ici, je ne me souviens pas être déjà aller aussi loin. Alors puisque mes pensées m’abandonnent, je laisse mon corps les rejoindre. Qu’il divague s’il le souhaite comme ces audacieux pétales de fleurs qui naviguent dans le vent. Je naviguerais dans la barque. Doucement je pose mon pied sur l’embarcation et détache l’amarre. C’est peut être interdis, mais cela ne semble gêner le vieux pêcheurs qui continue son activité sous un arbre. Son visage n’est qu’un masque d’ombre, je ne puis le distinguer, alors je laisse ma vue aux ténèbres et ferme les yeux. Il n’y a que le soleil, l’eau qui se cogne doucement au bois, et qui porte le long du fleuve la barque et son capitaine insouciant. Pourtant une ombre passe, la lumière disparait. Pour en découvrir la cause je rouvre les yeux. Je ne fais que passer sous un pont. J’attend que le courant m’éloigne des ténèbres puis me retourne pour le regarder. Au dessus une jeune fille m‘observe, l’air inquisiteur. Je frissonne malgré le retour du soleil. Elle est sur le pont, adossé à un immense sablier qu’elle tapote du bout des doigts. Le courant l’éloigne de mon champs de vision, mais je sais qu’elle a raison. Il faut me remettre à travailler. Alors moi aussi je m’éloigne. Je donne un puissant coup de balai, comme si c’était une rame. Le courant du fleuve s’accélère pour se brouiller dans un tourbillon bleu. Brise et pollen s’évaporent, lumière et pétales se fanent et se noient sur les carreaux. Tout redevient gris et terne…
La lumière de fin d’après midi s’étale et transperce mon champ de vision. Dans un jeu de reflet aquatique, elle ricoche sur les vagues pour les teinter d’or et d’ambre. L’eau a emporté la brise printanière pour la faire devenir marine. Je m’éveil sur une plage au nom inconnu. J’aurais put le lire sur l’étiquette mais je suis bien loin de tout cela. Mon esprit se met à voyager au-delà des vagues vers l’horizon, pour rejoindre le soleil qui en commençant sa descente, libère des rayons dorés. La lumière réchauffe toute la rive et le cœur des marins toujours à l’ouvrage. Ils ne sont que des ombres tirant un bateau sur lequel je prend place. Je veux percer l’infinis, disparaitre dans les dorures du couchants. Les nuages sont bas il est vrai et ne forment qu’une épaisse couverture cotoneuse, remuée par le vent marin qui s’engouffre dans la voile. L’eau salée porte le bateau, mais nous ne faisons que longer la côte. Je veux rester loin de toute civilisation, rester en suspend entre nature et infinis. Pourtant je le sais, viendra bien un moment où il faudra reprendre le balai et s’arracher de ces images. Si belles, anciennes…Mais une figure tranche sur ce paysage qui défile. Postée sur la proue, elle plisse les yeux face au souffle marin gorgé de sel. Ses cheveux flotte comme les ailes d’un corbeaux, son sablier continue d’écouler son sang, le temps. Il passe je le sais bien, elle est toujours là pour me le rappeler, sa présence jure avec le décor. Que fait-elle là ? Elle m’arrache encore une fois à ma croisière. Je fais pencher mon seau et laisse une vague engloutir le navire. Il coule dans l’onde transparente qui lèche les carreaux monochromes, pour se disloquer complètement. Tout redevient sombre et froid…
Les tâches s’arrachent du sol et se déchire dans l’eau trouble. Les couleurs s’y ajoutent pour former une marre grise qui se fige peu à peu sur des champs gelés. Une nappe de givre s’étend sur tout le paysage, et jaillit dans un vent glacial, faisant lever tous les corbeaux. Mes bras nus ne frissonnent pas, mais mon cœur se refroidis devant l’amertume de ces terres endormies. Toute végétation se meurt, il y a même une charrue à demi engloutie dans un tas de sable devenu neige. Je ne me souviens pas d’avoir mit pied à terre depuis mon dernier naufrage, mais je suis surement loin de la mer et de la chaleur de son rivage. Le ciel se couvre de nuage gris, le soleil a disparut, c’est un crépuscule terne avant la nuit. Je vais bientôt pouvoir rentrer, cesser mes divagations dans des aquarelles. Je vais retrouver la forêt bétonnée qu’est la ville. D’ailleurs j’aperçois un village au loin, une colonne d’oiseau noir s’y refugie pour tenter d’échapper au blizzard. Je suis donc le sillon qu’ils tracent en plein ciel, marchant tant bien que mal dans les champs figés par l’hivers. J’entend d’autre pas qui suivent les miens, alors je me retourne, elle est à nouveau là. Assise sur son sablier, à moitié planté dans le cadavre d’un arbuste. Elle jette un regard vers le ciel avant de le tourner vers moi. Alors qu’ici tout semble disparaitre dans le manteau gris de l’hivers, la jeune fille ressort très nettement, car ce n’est pas sa place. Ce n’est pas la mienne non plus, je devrais cesser de divaguer. Je m’arrache donc à ses champs glacés, qui ne m’apporte qu’une perte de temps qui passe trop vite. Le sablier continue de s’écouler, je dois vite terminer mon travail. Un coup de balai pour chasser les corbeaux, pour chasser le blizzard qui se glisse sous la serpillère pour disparaitre tout entier. Les eaux troubles s’évaporent, pour laisser place à de la propreté, qui ne reflète que des murs sans saveurs. Tout redevient triste et plat.
Le drap de la nuit assombrit la palette qui ne présente plus que des nuances entre le bleu et le noir. Mais les étoiles qui scintillent et la lune suspendue dans le ciel, éclaire tout de même le village endormis. Le vent souffle, il emporte les derniers rire de l’été, il secoue les cheminés qui fumeront bientôt, et caresse les arbres en attrapant les feuilles mortes. C’est la nuit et j’y suis finalement arrivé, je retrouve la civilisation bien que ce village me soit agréable à l’inverse de ma ville saturée de gaz. Ici les ombres des bâtiments se déforment en l’absence de lumière, le silence règne et fait peser un voile sinistre qui se déchire quand arrive dans mon champ de vision, la cathédral tout droit sortie d’un cauchemar. Tremblante et malmenée par un soir trop agité, elle se dresse tout de même, son clocher caressant les nuages percés par la lumière des étoiles. J’avance sur les pavés de pierre, j’ère entre les rues mal éclairées, les avenues vides et silencieuses, les murs des maisons secrètes et somnolentes. C’est le soir que s’achève mon parcours, la pierre deviendra bitume, la chaumière deviendra gratte-ciel. Et mélancolique je rentrerais dans mon studio pour me laisser couler dans un sommeil bien réel, ou je pourrais pleinement rêver de paysage sans que la fille au sablier vienne me déranger. Elle est là-bas sur la place, elle m’attend pour me dire au revoir et à demain. Le sable a presque finit de s’écouler, c’est la fin de la journée. Un dernier coup de balai et toutes les couleurs se détachent. Les carreaux sèchent tranquillement et moi je range mon matériel. Je quitte la galerie Van Gogh, avec ces tableaux enchanteurs dans lequel j’aime parfois plonger quand le travail devient monotone. Pêche au printemps au pont de Clichy, La plage de Schéveningue, L’hiver aux corbeaux ou encore Nuit etoilée. Tant de peintures qui continue d’émerveiller un pauvre petit homme de ménage, sans doute trop rêveur, qui s’oublie parfois devant toutes ses couleurs. Le temps lui échappe mais il a toujours un regard pour la sculpture à l’entrée. Celle qui représente une jeune fille assise sur un sablier. Elle lui rappel que le temps défile, qu’il a des horaires à respecter. Et même s’il trouve qu’elle fait trop moderne, que sa place n’est pas dans cette galerie. Il ne manque jamais de la saluer le soir quand il a terminer de tout nettoyer. - Au revoir jeune fille, et à demain. Il s’éloigne dans la nuit, happé par le vacarme urbain. Dans le musé, le silence retombe après un dernier murmure: - Au revoir monsieur, soyez à l’heure demain.
Bonne lecture ! N'joy ! PS : Si j'ai oublié quelqu'un, envoyez moi un Mp ! |
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