Physique :
“Les apparences sont parfois trompeuses…”
Lorsque venait se refléter son image dans l’un des miroirs de son manoir, la jeune Kathleen se félicitait de la pâleur de sa peau. Issue d’une famille d’aristocrate, elle considérait toujours qu’une peau d’albâtre était le symbole de la richesse et de la beauté. Elle inspirait la fragilité d’une poupée de porcelaine. Personne n’osait la toucher et jamais vous ne la voyiez sortir sans son ombrelle, comme si la moindre agression pouvait la briser. Le vent lui-même ne faisait que l’effleurer, soulevant au passage sa chevelure qui ne contrastait qu’à peine avec sa peau. D’une couleur argentée, cela dérangeait chez une si jeune personne, mais elle ne s’en souciait guère. La blancheur de son corps augmentait l’attrait de ses yeux à la teinte mauve. Ils étaient comme un phare au cœur de son visage, attirant à eux les regards alentours sans daigner leur en offrir un en retour. Inaccessible mais attrayante... Pourtant aucune lueur n’en émanait, ils étaient étrangement inexpressifs. C’était généralement à cet instant que l’observateur observait le reste de son visage pour y trouver une once de joie. Mais rien. Sa bouche fine n’esquissait pas même les prémices d’un sourire. Le piège se refermait alors sur cette âme envoutée. Comment laisser une telle personne avec cette tristesse ? Le regard du chasseur chassé descendait alors le long du corps de la jeune fille pour découvrir une longue robe pourpre s’associant avec perfection à son regard. À cette robe s’associait souvent un gilet couleur ébène qui faisait ressortit la blancheur de sa peau. Des vêtements choisis avec précision dans ce but unique, le prix pour ça ne comptait pas, les joies d’une famille aristocrate encore puissante. Ses affaires sur mesures venaient épouser chaque courbe de son corps, révélant surtout la minceur de la jeune fille. Habillée ainsi, elle semblait tellement chétive, innocente, loin de la méfiance. Exactement ce qu’elle recherchait. Poussant au maximum sa crainte du soleil, elle protégeait ses jambes de collants noirs pour finir par des chaussures tout aussi sombres sans talons. Ainsi, malgré ses dix neuf ans, Kathleen passait pour une petite fille mignonne et frêle, sans réelle protection. Un masque sur sa personnalité... Si une seule question devait ressortir désormais, elle serait simple : combien de temps tiendra-t-il ? Caractère :
“Il était une fois une petite fille vivant dans un grand manoir...”
Kathleen était, au début de sa vie, un enfant des plus joyeux. Rien ne semblait pouvoir altérer ce sourire ancré à ses lèvres. La voir arriver dans une pièce semblait annihiler toute trace de tension dans l’atmosphère. Souvent, les gens la pensaient simplette à toujours s’émerveiller, sans jamais voir le mal qui s’installait. Jamais elle ne piquait de colère, une chose rare pour une enfant à cet âge. Calme et douce, elle ne supportait ni la violence ni la souffrance... C’était une des raisons pour laquelle on l’éloignait de tout conflit, la pensant trop faible pour le supporter.
“Mais bientôt, la guerre s’infiltra au sein du confort... ”
... Et la jeune fille en fut bouleversée. Alors que pour elle, la vie était merveilleuse et le mal ne pouvait vaincre, elle l’entendait grandir de l’autre côté de la Manche. Sa joie autrefois expansive se perdait désormais dans un océan d’obscurité. Ce sourire contagieux qui la caractérisait avait été remplacé par des lèvres serrées dans un rictus neutre. Son regard pétillant s’était éteint pour laisser place à une immensité mauve peu commune, envoutante mais sans vie. Pire encore, Kathleen s’était plusieurs fois retrouvée dans des situations dangereuses où la violence était reine sans sourciller. Cette intelligence froide qu’elle développait inquiétait sa famille. C’en était fini de la bonne entente, si l’on approchait trop près d’elle une flamme, elle réagissait avec pour arme des répliques cinglantes. Le monstre sommeillant en chacun de nous s’était réveillé en emportant une grande part de sa bonté. L’ancienne mentalité qui la guidait n’avait pas encore quitté son esprit. Les accalmies annoncées par la radio lui redonnaient son air enfantin et seuls ses yeux trahissaient le changement. Même quand son sourire était sincère, eux n’exprimaient plus rien. Une part d’elle s’était envolée.
“Et Queer Tales finit la métamorphose”
Devenue plus téméraire au fil des années, Kathleen s’épanouit complètement dans ce nouvel univers qui a détruit toutes ses anciennes barrières. Désormais, la jeune fille ne fait confiance à personne ou presque. Quelqu’un s’approchant d’elle pendant une longue période peut aussi bien survivre ou se voir trahir du jour au lendemain pour des raisons inconcevables aux yeux d’un être normal. Mais c’est bien là où se situe le problème : elle ne pouvait plus être considérée comme normale. Bercée par la douce mélodie que lui susurre la violence à l’oreille, elle avance à travers le paysage en cherchant de nouvelles victimes pour ses desseins... L’amour, la joie, la bonté, pour Kathleen, la définition de ces mots a pris un nouveau sens. Cet amour niais que l’on peint trop souvent est désormais celui du sang, la joie n’est plus un sentiment ressenti dans le bonheur mais lorsque la souffrance est présente quant à la bonté... Celle-ci n’intervient que dans l’interruption des tortures infligées. Comme elle répandait la bonne humeur par ses démonstrations joyeuses, la jeune fille excellait dans sa destruction. Toujours de mauvaise humeur et susceptible, elle ne se sentait bien qu’avec ses futures victimes dont elle profitait avant... The happy end. Histoire : « Chaque journée commence de la même manière. Le soleil vient d’abord inonder nos traits dans une danse intime avant que nous n’ouvrions les yeux sur la réalité. Triste réalité qui chasse l’espoir des rêves. »
Autrefois, jamais Kathleen n’aurait prononcé de paroles aussi déprimantes. Enjouée et souriante, elle survolait la maison avec tant de gaieté que sa présence semblait détendre l’atmosphère, une lueur agréable. Si cette guerre n’avait pas éclaté, peut être qu’aujourd’hui ne serait pas différent. Mais bien sûr, que pouvait-on contre l’horreur humaine ? C’était sans doute cette unique question qui la rendait si mélancolique. Ne pas trouver la réponse faisait glisser la jeune fille sur la pente de l’irritabilité. Au fil des semaines, en plus de ce sourire bienfaisant, c’était sa gentillesse qui semblait disparaître. Même si les secondes qui suivaient cette perte de contrôle la faisaient s’excuser, cela prenait chaque plus de temps. L’aristocrate se faisait ronger de l’intérieur par un mal que personne ne pouvait guérir. Seule une fin au conflit pourrait l’épargner, mais si cela intervenait trop tard... Sa famille se demandait toujours si elle pourrait revenir à ses origines ou si... La deuxième perspective était trop dure à envisager. Ce serait une honte pour une famille d’un si haut rang que d’avoir une personne aussi odieuse dans leur famille en temps de paix.
Malheureusement, la guerre continua ainsi pendant trop longtemps. Deux années avaient passé déjà et comme pour limiter ses crises, Kathleen s’était de plus en plus isolée, passant la plupart de son temps à lire. C’était en s’immergeant dans son imaginaire qu’elle parvenait à résister à ce mal qui se propageait. Ce fut de cette manière qu’un jour plus clair que les autres, la jeune fille ouvrit ce livre. Depuis quelques temps déjà elle l’avait repéré, lui et sa belle couverture de cuir noir. Aucune marque ne venait perturber la douceur de cette reliure et même si cela lui paraissait étrange, c’était une chose qui l’attirait irrémédiablement. Une fois ouverte, l’aristocrate s’imprégna de l’odeur du papier, flagrance inoubliable qui la berça dans sa lecture. Et quelles phrases étranges...
Oyé, Oyé, mes gentes et dames ! Si je suis là, c'n'est pas pour rien ! D'un monde imaginaire, d'une contrée lointaine, En simple serviteur, j'apporte des nouvelles !
La Reine de Cœur, une belle femme, Dirige ce monde sans état d'âme. Rien de plus beau pour la distraire, Que du sang rouge, partout par terre !
Ça ne s'arrête bien sur pas là, Ce monde est bien pire que cela ! Les sujets d'la souveraine, Cruels et fourbes, se déchainent.
Quatre Royaumes se trouvent là-bas, Plus étranges qu'eux, tu ne trouves pas. Chacun comporte son lot d'surprises. Bonnes ou mauvaises, c'est à ta guise !
Le premier est celui du cœur, Mais te fies pas à ses belles fleurs ! Edward te le dira très bien, L'accueil fait peur, à part le sien !
Le second est, je vous le dis, Sinistre et froid, comme pas permis. Gretel adore, tout comme Hansel, La mort, les cris, mais pas le sel !
Le troisième semble éclectique, Tantôt farceur, tantôt magique. Blanche Neige vous attend au tournant, Avec des roses... pleines de piquants !
Et enfin vient le plus charmant, Le quatrième si innocent ! Peter vous rendra le sourire, Et vous pouss'ra à réagir !
Mais vous n'savez encore pas tout ! Il ne pas rare de s'prendre un coup ! Tous luttent pour être supérieurs. Qu'on les oublie, c'est leur terreur !
Et quant à moi, je ne suis là Que pour t'emm'ner jouer là-bas. Je n'ai plus rien à relater, Juste Happy End à te souhaiter !
Intriguée, Kathleen voulut tourner la page pour voir la suite, comprendre quel étrange roman pouvait commencer de la sorte, mais elle se sentit quitter terre. D’un point de vue, ce n’était pas une pensée totalement fausse dans cette situation. Tout autour d’elle avait changé. Le confort de sa chambre avait été remplacé par un lieu dont elle ne connaissait pas l’existence. La peur, rapidement, s’immisça en elle. Son cœur battait la chamade, son esprit cherchait à comprendre ce qui lui était arrivé mais c’était le vide complet. Sur le point de paniquer, ses souvenirs la ramenèrent à la raison. Sa respiration se calma pour retrouver un rythme régulier. Cet endroit ne pouvait pas être pire que ce qu’elle avait quitté. Surtout avec cette nouvelle mentalité qu’elle s’était forgée... Elle se sentait plus forte et commença son errance dans Queer Tales. ***
« Combien d’années se sont écoulées depuis ce jour ? »
Cette interrogation revenait périodiquement dans sa tête. Pourtant, la réponse lui importait peu, elle se sentait bien ici. Le temps glissait sur elle sans affecter ses traits. Kathleen était restée la jeune fille de sa vie réelle, et continuait d’en abuser tant qu’elle le pouvait. Bien sûr c’était un monde dangereux, cruel même parfois, mais pour la première fois elle avait l’impression d’être chez elle. Torturer les nouveaux arrivants pour parvenir à pleinement faire partie de cet univers, voilà l’objectif qui était le sien désormais...
Votre but dans tout ça ? : Faire partie intégrante de Queer Tales et peut être parvenir à devenir plus qu'une simple lectrice. Autre chose à dire sur votre personnage ? : // |